st-a-dire doit convenir a l'etat social des personnages mis
en scene et s'adapter a leurs moeurs et a leurs usages. Toutefois, et
c'est ici le point interessant, ce n'est qu'a une epoque relativement
recente que la mise en scene a conquis un role de plus en plus
preponderant. Autrefois, on aurait pu concevoir uniquement trois
decorations, autrement dit trois milieux, un milieu grand seigneur, un
milieu bourgeois et un milieu populaire. Et encore c'est theoriquement
que je compte ce dernier qui en fait n'existait pas et dont par
consequent la decoration correspondante serait restee d'une parfaite
inutilite. Ce qui en tenait lieu, c'etait le milieu villageois ou
autrement dit le milieu pastoral. Jadis les classes etaient nettement
separees les unes des autres et ne se confondaient jamais. _Le Bourgeois
gentilhomme_ est la pour nous montrer combien etait ridicule un
bourgeois voulant trancher du grand seigneur. En fait, un grand
seigneur, riche ou pauvre, etait toujours un grand seigneur, tandis
qu'un bourgeois, riche ou pauvre, n'etait jamais qu'un bourgeois.
C'etait la naissance seule qui importait; on s'inquietait fort peu de la
fonction et du merite social.
Aujourd'hui, malgre tout ce qui peut subsister de notre ancienne
division sociale, nous ne sommes plus repartis selon les regles etroites
d'une hierarchie immuable. Les rangs sont confondus. C'est en general le
talent et l'argent qui, bien plus que la naissance, assurent une
haute position sociale. C'est pourquoi, au theatre, l'ancienne unite
decorative ne correspondrait plus en rien a nos idees actuelles. Tandis
qu'il n'y avait jadis qu'un petit nombre de divisions generales, il y en
a aujourd'hui une infinite, et nous assimilons a nos fonctions, a nos
gouts, a nos moeurs, tout ce qui nous entoure et participe a notre
existence. En un mot, ainsi que nous l'avons deja dit plus haut, notre
personnalite morale se reflete autour de nous jusque sur les moindres
objets. De la le role de la mise en scene dans les pieces modernes,
ou du moins dans celles qui s'ingenient a traduire sur le theatre la
societe francaise actuelle, et la necessite d'en accorder tous les
elements avec la personnalite morale des personnages representes.
C'est donc par une consequence logique que le decorateur et le metteur
en scene se sont faits tapissiers et en quelque sorte bibelotiers, et
qu'ils ont du chercher a donner au materiel figuratif cette physionomie
personnelle qui est la caracteri
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