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ain vers une coupe que lui presente le serviteur des Onze: ce tableau represente la mort de Socrate. L'esprit du spectateur acheve le mouvement commence de Socrate; et le sujet ainsi presente est beaucoup plus dramatique parce que la mort, au lieu d'etre un fait accompli, est instante, et que l'attente tragique agit eternellement sur l'ame du spectateur. Il en est de meme de la mort de Jane Grey. L'esprit acheve le mouvement de la victime, qui, les yeux bandes tend la main vers le billot, tandis que le bourreau se tient a cote, appuye sur sa hache. Le spectateur souffre de l'angoisse des derniers instants, plus terribles que la mort elle-meme. La composition de ces tableaux est donc fondee sur la fatalite de l'evenement; et tous deux, par suite de la logique rigoureuse de l'esprit, representent la mort de Socrate et celle de Jane Grey aussi surement que si les cadavres des deux victimes etaient etales a nos yeux. Cette loi, qui ouvre un champ fecond a l'imagination du peintre, domine l'art de la mise en scene. Sous aucun pretexte il n'est permis de s'y soustraire. En peinture, quand-il ne s'agit pas d'un evenement historique, et que la necessite d'une fin ne s'impose pas, le peintre choisit souvent les attitudes et les gestes de ses personnages pour le charme et le pittoresque de leur mouvement, et non pour determiner l'esprit a envisager un evenement subsequent, dont la possibilite n'est pas en cause. La peinture se renferme alors dans une pure actualite; et l'oeil est ici le seul juge competent, car c'est a lui procurer un plaisir special et sans melange que le genie du peintre conspire. Dans la mise en scene, il n'en est pas de meme: la, rien n'est suspendu, tout se precipite irrevocablement a sa fin; les moments se succedent necessairement, et l'esprit, par le double moyen de la deduction et de l'induction, devance l'action meme dans la voie ou elle s'avance vers un denouement fatal. Tandis que l'oeil du spectateur enveloppe la scene, interroge tous les objets temoins de l'action qui va se derouler, scrute jusqu'au moindre detail de la decoration, suit les personnages dans leurs mouvements, dans leurs attitudes, dans leurs gestes, son oreille est suspendue aux levres des acteurs, analyse toutes les impressions sonores qu'elle recoit; et ces deux organes fournissent incessamment a l'esprit les elements qu'il va successivement coordonner avec les faits ainsi qu'avec les caracteres et les passions des personnages. L'
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