resentation. Un directeur incapable
de formuler un jugement sur une piece n'est qu'un entrepreneur de
spectacles. En dehors de ce cas, il est clair que l'interet meme de
l'exploitation est lie a la surete de jugement du directeur; car, s'il
parvient a tirer quelque profit d'une oeuvre faible au moyen de quelques
depenses de mise en scene, d'un autre cote, ce serait une depense perdue
et par la inintelligente que de se resoudre aux memes frais pour une
piece qui ne l'exigerait pas.
Chaque fois qu'on met un train de chemin de fer en marche, le nombre des
wagons que la machine doit tirer est calcule sur le nombre presume des
voyageurs; et le poids du train determine la force que doit produire
la machine et par suite la depense qu'occasionnera la traction. Que
dirait-on du chef d'exploitation qui ferait une grande depense de
combustible pour mettre en marche un train toujours compose d'un meme
nombre de wagons, quel que soit le nombre des voyageurs? Que dirait-on
d'un mecanicien qui ne saurait pas profiter de la declivite du sol et de
la vitesse determinee par le seul poids du train pour diminuer la force
de traction et par suite la depense de combustible? On pourrait ainsi
rassembler un grand nombre d'exemples ayant tous un rapport plus ou
moins prochain avec les devoirs et les preoccupations d'un directeur de
theatre. Tous conduiraient a la meme conclusion: a savoir que les frais
de mise en scene doivent etre en raison inverse de la valeur propre de
l'oeuvre representee. L'ideal pour un directeur, serait de n'avoir a
monter que des pieces qu'on put representer dans un decor banal.
Ainsi donc, la direction d'un theatre exige deux conditions de celui
qui assume la responsabilite d'une pareille entreprise. La premiere est
qu'il soit en etat de porter un jugement sur la valeur intrinseque des
oeuvres dramatiques; la seconde, qu'il ait la sagesse de faire dependre
les frais de mise en scene du jugement qu'il a porte. Je ne sais si
beaucoup de directeurs remplissent ces deux conditions. En tout cas, ce
qu'on voit frequemment, ce sont des pieces, que la critique qualifie
d'ineptes, rapporter de grosses sommes d'argent a la faveur d'une
eblouissante mise en scene. On peut donc croire que les directeurs
remplissent la seconde condition, au moins chaque fois qu'il ne s'agit
que d'exagerer la mise en scene. La premiere condition parait beaucoup
plus rare; elle exige non seulement une competence speciale, mais encore
un labeur quo
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