ce et changea de
conduite. Les pieces qui paroissoient d'or et nouvellement frappees, ayant
ete mises au feu, ne se trouverent que de cuivre."
[Note 1: _Traite sur les apparitions des esprits_, t. I, p. 272.]
Le diable engage quelquefois a faire des oeuvres de piete.
"L'an 1559, dit Bodin[1], le dix-septieme jour de decembre, au village de
Loen, en la comte de Juilliers, le cure osa bien interroguer le diable, qui
tenoit une fille assiegee, si la messe estoit bonne et pourquoy il poussoit
et contraignoit la fille d'aller soudain a la messe, quand on sonnoit la
cloche. Satan respondit qu'il vouloit y aviser. C'estoit revoquer en doute
le fondement de sa religion et en faire juge Satan. Or Jean de Sarisber, en
son _Policratic_, livre II, chap. XXVI, parlant de ses beaux
interrogatoires, dit: Les malins esprits sont si rusez, qu'ils feignent
avec beaucoup de sollicitude qu'ils ne font que par force ce qu'ils font de
leur plein gre. On diroit qu'ils sont contraints, et ils font qu'on les
tire des lieux ou ils sont, en vertu des exorcismes: et afin que l'on n'y
prenne garde de si pres, ils dressent des exorcismes comme au nom du
Seigneur, ou en la foy de la saincte Trinite ou en la vertu de
l'incarnation et de la passion, puis les suggerent aux hommes et obeissent
aux exorcistes jusques a tant qu'ils les ayent envelopez avec eux en mesme
crime de sacrilege et peine de damnation."
[Note 1: _Demonomanie_, livre III, ch. dernier.]
"Jean Wier recite, continue Bodin[1], qu'il a veu une fille demoniaque en
Alemagne, laquelle interrogee par un exorciste, Satan respondit qu'il
faloit que la fille allast en pelerinage a Marcodur, ville eslongnee de
quelques lieues, que de trois pas l'un elle s'agenouillast, et fist dire la
messe sur l'autel Saincte-Anne, et qu'elle seroit delivree, predisant le
signal de sa delivrance a la fin de la messe. Ce qui fut fait, et sur la
fin de la messe, elle et le prestre virent un fantosme blanc, et fut ainsi
delivree."
[Note 1: _Demonomanie_, livre III, dernier chap.]
"Nous avons vu un autre exemple, dit Bodin[1], de Philippe Woselich,
religieux de Cologne en l'abbaye de Kructen, lequel fut assiege d'un demon,
l'an 1550. Le malin esprit interrogue dit a l'exorciste, qu'il estoit l'ame
du feu abbe, nomme Mathias de Dure, pource qu'il n'avoit paye le peintre,
lequel avoit si bien peint l'image de la Vierge Marie, et que le religieux
ne pouvoit estre delivre s'il n'alloit en voyag
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