nt fuites soudaines. Maxime descendit les marches lucides du grand escalier, le bras nu de Maud pose sur son bras. Les mots qui, tout a l'heure, avaient failli s'echapper de sa gorge: "Je vous aime ! Je vous veux !" sa gorge serree maintenant ne leur donnait plus d'issue, sous l'irradiante lumiere, parmi les remous de la foule. Tant de fois pourtant, dans la solitude de Vezeris, il avait reve Maud ainsi, a son bras, en face du monde ! Le reve s'accomplissait et voila que c'etait presque une souffrance.
Mlle de Rouvre quitta subitement le bras de Maxime sous le peristyle. Julien de Suberceaux etait derriere eux, drape dans une longue cape noire a col de velours, la figure si bouleversee, si tragique que Maxime, bien inhabile a dechiffrer de telles ames complexes, soupconna le drame. Il s'ecarta avec une affectation d'indifference, mordu pourtant par la jalousie. Maud s'etait approchee de Suberceaux: sous cette voute de fete, parmi cette cohue paree, mouvante et bruyante, ils croiserent leurs regards.
-- Vous etes fou, voyons, murmura-t-elle... Tenez vous, si vous ne voulez pas me perdre.
-- Maud... balbutia-t-il.
Elle le magnetisa du regard.
-- Demain, fit-elle a voix basse... A quatre heures, chez vous, rue de la Baume... Attendez-moi.
Et le laissant maitrise, rive soudain par le sortilege de ces mots brefs, elle reprit le bras de Maxime.
-- Pauvre garcon, dit-elle aussitot d'un ton naturel, sans attendre les questions, il est epris de Madeleine de Reversier qui ne l'aime pas, et d'avoir vu Lestrange tout le temps "flirter" avec elle, il est comme fou... Je lui ai dit deux mots pour le calmer. C'est un vieil ami d'enfance... Nous avons joue ensemble aux Tuileries. Vous voyez que, dans ce Paris sceptique et frivole, il y a place encore pour la passion sincere...
Maxime crut ce que disait Maud: il fut rassure. Et cette foi, comme lui l'aurait eue tout coeur garrotte par l'amour.
Au pied des marches, sur la droite du monument, les voitures, une a une, tournaient prestement, emportant leurs charges elegantes de macferlanes, de pelisses, de mantes brodees d'hermine. La voiture de Mme de Rouvre, un de ces coupes de remise magnifiquement atteles, comme les grands loueurs parisiens en tiennent un ou deux a la disposition des riches etrangers, recut Jeanne et sa mere que les Rouvre ramenaient a l'hotel des Missionnaires.
Maxime, lui, partit seul, a pied... Il avait perdu Hector dans la foule et ne se souciait plus de rejoindre. Il vou
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