st a sa place." On pourrait d'ailleurs observer
que, quand il nie que les especes prennent une partie du genre, il ne
s'agit pas des essences qui composent la multitude, mais des parties de
definition. Exemple: le genre animal est compose du corps pour matiere,
et de la sensibilite pour forme. Lors donc que, par parties de sa
quantite, il se distribue en especes, une des especes ne prend pas la
matiere sans la forme, une autre la forme sans la matiere; mais dans
chaque espece passent la forme et la matiere du genre. "La difference
est en effet ce que l'espece a de plus que le genre... Il n'y a donc
pas dans le genre comme dans un corps des parties blanches, des parties
noires qu'on puisse choisir et prendre. Considere en soi, le genre n'a
point de parties, il n'en a que si l'on appelle ainsi les especes. Tout
ce qu'il a en soi, il le conservera donc, non dans ses parties, mais
dans la totalite de sa grandeur ou dans sa quantite[74]."
[Note 73: Booth., _In Porph._, t. I, p. 54.]
[Note 74: _Id., ibid.,_ t. IV, p.87.]
Abelard avoue que dans son systeme une partie du genre _animal_ prend la
rationnalite, l'autre l'irrationnalite; mais sans que la partie qui
est touchee par l'une, soit aucunement affectee par l'autre, et
reciproquement. Autrement, deux opposes seraient unis dans un meme,
contradiction que ne peuvent eluder ceux qui soutiennent l'_idee du
grand ane_[75].
[Note 75: Ce devait etre quelque sophisme connu dans l'ecole. Il s'y
disait couramment que l'animal avec la rationnalite fait l'homme, et
l'ane avec l'irrationnalite. Or si l'animal tout entier etait dans
chaque espece, il serait homme et ane a la fois, il contiendrait deux
opposes dans l'identique. C'etait probablement l'erreur de la theorie
dite du _grand ane_, _grandis asini sententia_. (p. 536.)]
Mais comment accorder tout cela avec les termes de Boece? En disant
nettement que "ces termes se lisent dans un passage ou il soutient que
les differences ne sont rien, ou que deux opposes sont dans un meme, ce
qui est faux et ne peut se prouver sans sophisme. Il a donc introduit du
faux dans son raisonnement, et cela sans se tromper; car il savait que
c'etait faux, mais il voulait conduire a bonne fin son sophisme."
Boece n'a-t-il pas dit encore: "Comme une meme ligne est convexe et
concave, ainsi le meme peut etre sujet de l'universalite et de la
particularite[76]." Le singulier serait-il donc universel? nullement,
particulier n'est point ici pour s
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