des attributs qui impliquent contradiction
non-seulement entre eux, mais entre leurs sujets, et cela seul
demontrerait au moins que le genre substance, libre de toute
determination, n'est pas une realite.
Mais tout tombe, ou du moins les difficultes se deplacent, si l'on prend
le parti de nier l'existence objective des genres et des especes, et
nous sommes ramenes a l'analyse des opinions d'Abelard sur la question;
il va les justifier en passant en revue, suivant son usage, toutes les
objections qu'elles peuvent encourir.
Et d'abord, il examine les diverses definitions qu'on peut donner de
l'espece, et recherche s'il en est aucune qui puisse lui etre opposee.
1 deg. La premiere designe sous le nom d'espece la multitude des essences
semblables entre elles. Ainsi l'espece _homme_ comprend la matiere de
tous les individus qui la composent; en d'autres termes, la multitude
humaine se compose de la matiere de Socrate, de celle de Platon, et des
autres. Or, la matiere est ce qui recoit la forme. L'espece _homme_
recoit-elle donc la _socratite_, Socrate est-il l'humanite socratique?
non, c'est ce qu'il y a d'_humanite_, _illud humanitatis_, dans Socrate,
qui recoit la _socratite_, et non l'espece _humanite_. L'espece comprend
ce qu'il y a d'humanite dans Socrate et dans tous les autres; elle
comprend tous les analogues ou _non-differents_. Lorsqu'on dit que
l'espece est la matiere affectee de toutes les formes individuelles, on
n'entend pas que toutes les essences de l'espece recoivent en masse la
forme d'un individu donne, mais qu'une seule d'entre elles, semblable de
nature aux autres, analogue de composition elementaire, et en ce sens
non differente, _indifferente_, prend la forme qui l'individualise. On
dit que toute l'espece est propre a recevoir la forme individuelle,
comme on dit d'un morceau de fer, qu'il sera couteau ou stylet,
quoiqu'une partie seulement doive etre stylet, une autre partie couteau.
Ainsi l'espece est reelle comme collection de realites, mais non
independamment des realites qui la composent; elle n'existe pas
integralement dans chacune de ces realites individuelles.
2'o On definit aussi l'espece, ce qui est affirme de plusieurs, en vertu
de la categorie d'essence, ou bien ce qui est attribue a divers a titre
d'essence (_proedicatum in quid_). Ce qui est attribue a ce titre est
dit inherent au sujet: or, l'espece humaine, ou la collection des
essences ou matieres individuelles, n'est pas apparem
|