s-enfants et pour tous
nos amis, dont vous avez conquis les coeurs. Toute la journee, nous
entendons: "Comme il est beau! comme il est bon! comme il parle bien!
comme il est simple, et jeune, et aimable!" Nous ne disons pas non,
comme bien vous pensez, et nous aimons davantage ceux qui vous aiment.
Vous, on vous aimerait davantage, si c'etait possible, pour cette grande
marque d'amitie que vous avez bien voulu nous donner et qui sera un
si cher souvenir dans la famille presente et a venir. Aurore en sera
particulierement fiere et voudra, j'en suis sure, meriter une protection
si cordialement accordee, et si gracieusement temoignee. Elle envoie
toujours des baisers a votre portrait et se permet de le tutoyer.
Nous esperons que vous serez arrive sans fatigue et que vous n'allez
pas garder ce petit mouvement de fievre que vous avez confie au jeune
docteur et pas a nous. Il faudra revenir nous voir, n'est-ce pas? Vous
avez dit que cela vous ferait plaisir de vous retrouver a Nohant. Ce
qu'il y a de certain, c'est que vous y laissez une trace de bonheur et
d'affection qui ne s'effacera pas.
A vous de tout notre coeur. Maurice, Lina et,
G. SAND.
DCLXXXVI
A MADAME EDMOND ADAM, AU GOLFE JOUAN
Nohant, 20 decembre 1868.
Chere enfant,
Je n'ai pas eu un instant pour vous repondre. Nohant a ete sens dessus
dessous pour les fetes de nos baptemes _spiritualistes_; je ne veux pas
dire protestants, bien que le premier sens du mot soit le vrai; avec
cela, il fallait finir un gros travail[1]. On s'est amuse beaucoup, et
on va se calmer; mais bientot il faudra aller a Paris pour aviser a
faire fructifier les griffonnages, et je ne pense pas avoir le temps de
saluer cette annee le soleil du Midi. Si je pouvais trouver quelques
jours de liberte, ce serait une simple course pour vous embrasser
d'abord, puis pour revoir la Corniche et revenir. Disposez donc de la
belle villa du Pin, et, si vous m'en croyez, n'y mettez pas gratis des
enfants et des nourrices.
Merci mille fois pour moi et les miens de l'offre trop gracieuse. Il se
passera encore quelque temps avant que Lina puisse promener sa marmaille
si loin et laisser son interieur, qui leur est encore si necessaire.
Nous ne pouvons rever que des promenades detachees, et encore! La vie de
travail pese toujours sur nous de tout son poids, et c'est sans doute un
bonheur malgre la privation de liberte, puisque nous n'avons jamais de
di
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