s aurez decide ce que vous voulez faire, je me
chargerai bien volontiers d'envoyer votre manuscrit a M. Larochelle,
avec une lettre de recommandation, pour qu'il le lise; mais mon
influence n'ira pas au dela.
Bon courage quand meme. Il y a progres. Faites-en encore et toujours.
DCCVIII
A MADAME EDMOND ADAM, AU GOLFE JOUAN
Nohant, 29 novembre 1869
Chers amis,
Nohant est content de vous savoir tous en bonne sante. Nohant va bien
aussi, sauf les rhumes. L'annee est humide et malsaine; les fanfans,
Dieu merci, ne s'en ressentent pas. La ferme est sur un bon pied. La
lumiere se fait chaque jour, on a bon espoir. Cette premiere annee a
coute de la peine et des avances; mais tout est couvert deja par les
produits a vendre. Lina a un peu de repit et chante comme un rossignol.
Les marionnettes font _flores_ tous les dimanches. Les six _jenes gens_
(dont Planet) viennent toujours le samedi soir pour s'en aller le lundi
matin. Ledit Planet n'est pas vaillant, malgre son activite et sa
gaiete. J'esperais qu'il prendrait gout au Midi et irait passer ses
hivers a Nice ou a Monaco; mais c'est un vrai Berrichon qui ne peut
quitter son trou sans se croire perdu.
Moi, je fais un roman, _pour changer!_ Je suis sur la Meuse; le beau
cadre que nous avons vu me sert et me plait.--Je ne sais plus si je dois
esperer d'aller vous voir. La piece de l'Odeon a toujours du succes,
celle qui vient apres peut en avoir et je serais retardee jusqu'en
fevrier.
D'ici la, que de choses peuvent arriver! On recommence ce qui a ete bete
et mauvais en 48, de part et d'autre. Des rouges trop presses et trop
blagueurs, des blancs trop stupides, des bleus trop timides et trop
pales.--Nous verrons bien; l'avenir est a la verite quand meme.
On vous embrasse tous. On vous aime et vous souhaite joie et sante.
G. SAND.
DCCIX
A GUSTAVE FLAUBERT, A PARIS
Nohant, 30 novembre 1869.
Cher ami,
J'ai voulu relire ton livre[1]; ma belle-fille l'a lu aussi, et
quelques-uns de mes jeunes gens, tous lecteurs de bonne foi et de
premier jet--et pas betes du tout. Nous sommes tous du meme avis, que
c'est un beau livre, de la force des meilleurs de Balzac et plus reel,
c'est-a-dire plus fidele a la verite d'un bout a l'autre.
Il faut le grand art, la forme exquise et la severite de ton travail
pour se passer des fleurs de la fantaisie. Tu jettes pourtant la poesie
a pl
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