oi comme de bons ours; on ne s'habille pas, on ne se gene pas, et
on s'aime bien. Dis oui. Je t'embrasse. Et moi aussi, je m'embete _d'un
an_ sans te voir.
DCLV
A MADAME ARNOULD-PLESSY, A PARIS
Nohant, 21 octobre 1867.
Chere fille bien-aimee,
J'ai ete inquiete, de vous. Me voila rassuree par l'affirmation de la
bonne soeur [1] et des medecins, mais non consolee; car vous souffrez
encore, et vous faites connaissance avec une triste chose, enervante ou
irritante. Mais vous devez etre plus courageuse que ceux qui ont
passe leur vie a combattre et a s'user. Votre beau cerveau, si bien
conditionne, doit reagir. Ne lui demandez pourtant pas trop et attendez
qu'il redevienne le maitre du logis. Cela viendra bientot, j'espere.
Vous ne pouvez pas avoir de mal complique, organisee comme vous l'etes,
et si jeune encore. Et puis vous connaitrez ce que nous connaissons
tous, ce que vous ne connaissiez peut-etre pas encore: le plaisir de se
sentir renaitre et de reprendre gout a la vie.
Mes enfants vous envoient tous leurs souhaits et tendresses. Ma Lina va
bien et s'arrondit. Elle voit arriver pour le printemps des heures
de grosse crise; dont elle ne s'effraye plus. La petite Aurore est
charmante et vous envoie de gros baisers qu'elle lance a deux mains
avec une effusion superbe. Depechez-vous de vous bien soigner, que je
retrouve a Paris ma grande fille debout et toujours belle.
Je vous embrasse tendrement, et, pour vous donner courage, je vous dis
que je suis tres forte et bien en train de travailler; vous m'avez vue
pourtant bien bas l'autre hiver, et, moi, je suis vieille, vieille! Vous
allez surmonter tout bien plus vite que moi, Dieu merci:
Encore courage et pensez qu'on vous aime.
G. SAND.
[1] Madame Mathieu-Plessy, veuve Emilie Guyon.
DCLVI
A GUSTAVE FLAUBERT, A CROISSET
Nohant, 28 octobre 1867.
Je viens de resumer en quelques pages mon impression de paysagiste sur
ce que j'ai vu de la Normandie: cela a peu d'importance, mais j'ai pu y
encadrer entre guillemets trois lignes de _Salammbo_ qui me paraissent
peindre le pays mieux que toutes mes phrases, et qui m'avaient toujours
frappee comme un coup de pinceau magistral. En feuilletant pour
retrouver ces lignes, j'ai naturellement relu presque tout, et je reste,
convaincue que c'est un des plus beaux livres qui aient ete faits depuis
qu'on fait des livres.
Je me po
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