e, et au revoir a Paris ou a Nohant. Si vous avez un
conge illimite, pourquoi ne viendriez-vous pas, apres le mois de mai, y
continuer le printemps? Quand il fera trop chaud ici, il fera bon chez
nous. Vous aviez promis avant la maladie. Il faudra tenir parole a
vos vieux amis, qui vous aiment et qui sont bien heureux de vous voir
sauvee.
G. SAND.
Respects et amities de Maurice.
[1] Femme de chambre de madame Plessy.
DCLXV
A LA MEME
Nohant, 15 mars 1868.
Chere fille,
Nous quittions Bruyeres, pres Cannes, le lendemain du jour ou j'ai ete
en vain frapper deux fois a votre porte. Nous passions trois jours a
Toulon, ou nous avions donne rendez-vous a de vieux amis et nous ne
nous pressions pas trop de revenir, Lina nous ecrivant de ne pas nous
inquieter, qu'elle en avait encore pour un grand mois. Elle se trompait!
Comme nous etions en route pour Paris, elle mettait au monde une belle
petite fille. En arrivant rue des Feuillantines, nous trouvons une
lettre dictee par elle, ou elle nous dit, tranquillement: "Je suis
accouchee cette nuit et je me porte tres bien."
Sans deballer, nous repartons, et nous voila ici, trouvant la besogne
faite sans nous, l'enfant bien a terme, superbe; la petite mere, qui
n'a souffert que deux heures, fraiche comme une rose et un appetit
florissant. Aurore en extase devant sa petite-soeur, dont elle baise les
menottes et les petits pieds.
Nous sommes donc heureux et je me depeche de vous le dire; car vous vous
rejouirez avec nous, chere fille. Tendresses de Lina et de Maurice.
Guerissez vite tout a fait pour venir voir tout ce cher monde qui vous
aime ou vous aimera.
G. SAND.
J'embrasse Emilie[1]. Je ne la savais pas avec vous, Henriette ne me
l'avait pas dit.
[1] Madame Emilie Guyon.
DCLXVI
A M. EDOUARD CADOL, A PARIS
Nohant, 17 mars 1868.
Mon cher enfant,
Une bonne nouvelle en vaut une autre. Vous avez un premier enfant, nous
en avons un second. Votre lettre nous est arrivee a Cannes, apres un
long retard; car nous etions, Maurice et moi, en excursion a Monaco et
a Menton. Il m'avait accompagnee, comptant revenir a Nohant au bout de
huit jours. Puis Lina lui avait ecrit: "Accompagne ta mere dans tout le
voyage, j'en ai encore pour un grand mois et je ne vous attends qu'a la
fin de mars." Pourtant je ne sais quel pressentiment qu'elle se trompait
nous a fait revenir le 18
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