ci, et l'ai nourrie, car elle mourait de faim; depuis ce
moment elle n'a cesse de dormir.
Dans un elan de reconnaissance sans bornes, l'heureuse femme l'embrassa
lui aussi, l'appelant "le Messager du ciel". En admettant qu'il soit un
messager du ciel, il etait certainement un ange deguise et grime, car
son accoutrement bizarre n'avait rien de seraphique.
A une heure et demie du matin, le cortege rentra au village en chantant
un refrain triomphal et en brandissant des torches; c'etait une vraie
retraite aux flambeaux. Ils n'oublierent pas de boire tout le long de la
route et, pour tuer les dernieres heures de cette nuit mouvementee, ils
s'entasserent au bar en attendant le jour.
DEUXIEME PARTIE
I
SHERLOCK HOLMES ENTRE EN SCENE
Le jour suivant, une rumeur sensationnelle circula au village. Un
etranger de haute marque, a l'air grave et imposant, a la tournure tres
distinguee, venait d'arriver a l'auberge. Il avait inscrit sur le
registre le nom magique de:
SHERLOCK HOLMES
La nouvelle se repandit de hutte en hutte, de bouche en bouche dans la
mine; chacun planta la ses outils pour courir aux vrais renseignements.
Un mineur qui passait par la partie Sud du village annonca la nouvelle a
Pat Riley, dont la concession touchait a celle de Flint Buckner.
Fetlock Jones parut tres affecte de cet evenement et murmura meme:
--L'oncle Sherlock! Quelle guigne!
Il arrive juste au moment ou... Puis il se mit a revasser, se disant a
lui-meme:
--Apres tout, pourquoi avoir peur de lui? Tous ceux qui le connaissent
comme moi, savent bien qu'il n'est capable de decouvrir un crime
qu'autant qu'il a pu preparer son plan a l'avance, classer ses arguments
et accumuler ses preuves.
Au besoin il se procure (moyennant finances) un complice de bonne
volonte qui execute le crime point par point comme il l'a prevu!... Eh
bien! cette fois Sherlock sera tres embarrasse; il manquera de preuve et
n'aura rien pu preparer. Quant a moi, tout est pret. Je me garderai bien
de differer ma vengeance... non certainement pas! Flint Buckner quittera
ce bas monde cette nuit et pas plus tard, c'est decide!
Puis il reflechit:
--L'oncle Sherlock va vouloir, ce soir, causer avec moi de notre
famille; comment arriverai-je a m'esquiver de lui? Il faut absolument
que je sois dans ma cabine vers huit heures, au moins pour quelques
instants.
Ce point etait embarrassant et le preoccupait fort. Mais une minute de
reflexion l
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