assez dur a l'heure qu'il est; n'ajoutez
rien a mon malheur, a mes souffrances. Pendez-moi et que ce soit fini!
Mon crime devait etre decouvert, c'etait fatal; rien ne peut me sauver
maintenant. Il vous a tout raconte, absolument comme s'il avait ete avec
moi, et m'avait vu. Comment le sait-il? c'est pour moi un prodige, mais
vous trouverez le baril et les autres objets. Le sort en est jete: je
n'ai plus une chance de salut! Je l'ai tue; et vous en auriez fait
autant a ma place, si, comme moi, vous aviez ete traite comme un chien;
n'oubliez pas que j'etais un pauvre garcon faible, sans defense, sans un
ami pour me secourir.
--Et il l'a bigrement merite, s'ecria Ham Sandwich.
_Des voix_.--Ecoutez camarades!
_L'agent de police_.--De l'ordre, de l'ordre, Messieurs.
_Une voix_.--Votre oncle savait-il ce que vous faisiez?
--Non, il n'en savait rien.
--Etes-vous certain qu'il vous ait donne les allumettes?
--Oui, mais il ne savait pas l'usage que j'en voulais faire.
--Lorsque vous etiez occupe a preparer votre coup, comment avez-vous pu
oser l'emmener avec vous, lui, un detective? C'est inexplicable!
Le jeune homme hesita, tripota les boutons de sa veste d'un air
embarrasse et repondit timidement:
--Je connais les detectives, car j'en ai dans ma famille, et je sais que
le moyen le plus sur de leur cacher un mauvais coup, c'est de les avoir
avec soi au moment psychologique.
L'explosion de rires qui accueillit ce naif aveu ne fit qu'augmenter
l'embarras du pauvre petit accuse.
IV
Fetlock Jones a ete mis sous les verrous dans une cabane inoccupee pour
attendre son jugement. L'agent Harris lui a donne sa ration pour deux
jours, en lui recommandant de ne pas faire fi de cette nourriture; il
lui a promis de revenir bientot pour renouveler ses provisions.
Le lendemain matin, nous partimes quelques-uns avec notre ami Hillyer,
pour l'aider a enterrer son parent defunt et peu regrette, Flint
Buckner; je remplissais les fonctions de premier assistant et tenais les
cordons du poele; Hillyer conduisait le cortege. Au moment ou nous
finissions notre triste besogne, un etranger loqueteux, a l'air
nonchalant, passa devant nous; il portait un vieux sac a main, marchait
la tete basse et boitait. Au meme instant, je sentis nettement l'odeur a
la recherche de laquelle j'avais parcouru la moitie du globe. Pour mon
espoir defaillant, c'etait un parfum paradisiaque.
En une seconde, je fus pres de lui, et po
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