Lucien
Herrman, de la Louisiane, et W. Messick, du Colorado. Ce choix fut
ratifie.
"M. Rogers, de Missouri, se leva:--Monsieur le President, les decisions
ayant ete prises maintenant selon les regles, je propose l'amendement
suivant, en vue de substituer au nom de M. Herrman celui de M. Lucius
Harris, de Saint-Louis, qui est honorablement connu de tous ici. Je ne
voudrais en quoi que ce soit amoindrir les grandes qualites de ce
citoyen de la Louisiane, loin de la. J'ai pour lui toute l'estime et la
consideration que meritent ses vertus. Mais il ne peut echapper a
personne d'entre nous que ce candidat a maigri etonnamment depuis le
debut de notre sejour ici. Cette consideration me porte a affirmer que
le comite s'est fourvoye en proposant a nos suffrages un candidat dont
la valeur morale est incontestable, mais dont les qualites nutritives
sont...
"Le President:--Le citoyen du Missouri est prie de s'asseoir; le
President ne peut admettre que les decisions du comite soient critiquees
sans suivre la voie reguliere.
"Quel accueil fera l'Assemblee a la proposition de ce citoyen?
"M. Halliday, de Virginie:--Je propose un second amendement visant la
substitution de M. Harvey Davis, de l'Oregon, a M. Messick. Vous
estimerez sans doute avec moi que les labeurs et les privations de la
vie de frontiere ont du rendre M. Davis quelque peu coriace; mais,
Messieurs, pouvons-nous, a un moment aussi tragique, ergoter sur la
qualite de la chair humaine? Pouvons-nous discuter sur des pointes
d'aiguilles? Avons-nous le droit de nous arreter a des considerations
sans importance? Non, Messieurs; la corpulence, voila tout ce que nous
demandons; l'embonpoint, le poids sont a nos yeux les principales
qualites requises: le talent, le genie, la bonne education, tout cela
nous est indifferent. J'attire votre attention sur le sens de mon
amendement.
"M. Morgan (_tres agite_):--Monsieur le President, en principe, je suis
pour ma part absolument oppose a cet amendement. Le citoyen de l'Oregon
est vieux; de plus, il est fortement charpente, et tres peu dodu. Que
ces Messieurs me disent s'ils preferent le pot-au-feu a une alimentation
substantielle? et s'ils se contenteraient de "ce spectre de l'Oregon"
pour assouvir leur faim? Je demande a M. Halliday, de Virginie, si la
vue de nos visages decaves, de nos yeux hagards ne lui fait pas horreur;
s'il aura le courage d'assister plus longtemps a notre supplice en
prolongeant la famine qui dech
|