nt comme les madriers d'un echafaudage:
"Pardieu! me dis-je, je n'ai qu'a gagner de poutre en poutre jusqu'a
l'exterieur!" Et je voulus gagner la poutre voisine qui me rapprochait
de la grande ouverture par ou coulaient tout a la fois l'eau du fleuve
et la lumiere du jour. Ce fut alors que je me heurtai au treillis de
fer... J'avais oublie la nasse!...
--Alors j'examinai cette machine a prendre les hommes. Et je vis que
j'etais perdu. En effet, la nasse formait comme un puits en treillis de
fer, qui partait du plancher meme, pour aller plonger dans l'eau. Je dus
abandonner l'idee qui m'etait venue de me hisser de maille en maille
pour arriver a passer par-dessus. L'idee inverse me parut la bonne:
c'est-a-dire que je m'accrochai aux mailles, et que je me mis a
descendre, dans l'espoir que je pourrais passer par-dessous en
plongeant. Arrive au ras de l'eau, je fus heurte de nouveau par les
cadavres. Comprenant que la folie allait me gagner si je ne sortais
au plus tot, je me laissai glisser parmi les cadavres. Et, alors, je
compris pourquoi les cadavres ne s'en allaient pas, pourquoi ils ne
plongeaient pas... Lorsque j'eus de l'eau jusqu'aux epaules, je sentis
avec mes pieds que, de toutes parts, le treillis de fer se rejoignait
dans l'eau et que cela formait comme le fond d'une bouteille! Pas moyen
de sortir par en haut! Pas moyen de sortir par en bas!... Je me hissai
le long des mailles de fer pour eviter l'attouchement des cadavres,
et, accroche a une certaine hauteur, je m'arretai, et j'eus la pleine
horreur de ma situation: j'etais destine a mourir lentement dans ce
puits de fer!...
--C'est horrible! dit Charles en fremissant.
--Justement. Comme vous dites, c'etait horrible. Si bien qu'apres
quelques heures je pris la resolution de grimper jusqu'en haut et de
frapper au plancher jusqu'a ce qu'on m'entendit, jusqu'a ce qu'on
achevat de me tuer!
--Et comment etes-vous sorti?
Pardaillan se mit a rire et repondit:
--C'est bien simple; je suis sorti avec les cadavres. Sans doute, cela
ne devait pas etre fort agreable a Fausta, de dormir au-dessus de ces
morts. Pour cette raison, ou pour d'autres, il est certain que, si les
morts etaient prisonniers dans la nasse, Fausta devait avoir la pensee
de leur rendre la liberte. Et comment rendre libre ces cadavres
prisonniers? En les repechant l'un apres l'autre? Non, non! Fausta est
la femme des combinaisons simples! Pour delivrer les morts, il n'y avait
qu'a les la
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