semble fort a de l'incompetence.
Generalement ce critique entend par roman une aventure plus ou moins
vraisemblable, arrangee a la facon d'une piece de theatre en trois
actes dont le premier contient l'exposition, le second l'action et le
troisieme le denouement.
Cette maniere de composer est absolument admissible a la condition qu'on
acceptera egalement toutes les autres.
Existe-t-il des regles pour faire un roman, en dehors desquelles une
histoire ecrite devrait porter un autre nom?
Si _Don Quichotte_ est un roman, le _Rouge et le Noir_ en
est-il un autre? Si _Monte-Cristo_ est un roman, _l'Assommoir_
en est-il un? Peut-on etablir une comparaison entre les _Affinites
electives_ de Goethe, les _Trois Mousquetaires_ de Dumas,
_Madame Bovary_ de Flaubert, _M. de Camors_ de M.O. Feuillet
et _Germinal_ de M. Zola? Laquelle de ces oeuvres est un roman?
Quelles sont ces fameuses regles? D'ou viennent-elles? Qui les a
etablies? En vertu de quel principe, de quelle autorite et de quels
raisonnements?
Il semble cependant que ces critiques savent d'une facon certaine,
indubitable, ce qui constitue un roman et ce qui le distingue d'un
autre, qui n'en est pas un. Cela signifie tout simplement, que, sans
etre des producteurs, ils sont enregimentes dans une ecole, et qu'ils
rejettent, a la facon des romanciers eux-memes, toutes les oeuvres
concues et executees en dehors de leur esthetique.
Un critique intelligent devrait, au contraire, rechercher tout ce qui
ressemble le moins aux romans deja faits, et pousser autant que possible
les jeunes gens a tenter des voies nouvelles.
Tous les ecrivains, Victor Hugo comme M. Zola, ont reclame avec
persistance le droit absolu, droit indiscutable, de composer,
c'est-a-dire d'imaginer ou d'observer, suivant leur conception
personnelle de l'art. Le talent provient de l'originalite, qui est une
maniere speciale de penser, de voir, de comprendre et de juger. Or, le
critique qui pretend definir le Roman suivant l'idee qu'il s'en fait
d'apres les romans qu'il aime, et etablir certaines regles invariables
de composition, luttera toujours contre un temperament d'artiste
apportant une maniere nouvelle. Un critique, qui meriterait absolument
ce nom, ne devrait etre qu'un analyste sans tendances, sans preferences,
sans passions, et, comme un expert en tableaux, n'apprecier que la
valeur artiste de l'objet d'art qu'on lui soumet. Sa comprehension,
ouverte a tout, doit absorber assez complet
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