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e se figure pas combien elles font partie de nous-memes, toutes ces choses de bois ou d'etoffe que nous avons dans nos maisons. Tiens! quand on a enleve l'armoire au linge, tu sais, celle qui a sur ses panneaux des amours roses avec des violons, j'ai eu envie de courir apres l'acheteur et de crier bien fort: "Arretez-le!" Tu comprends ca, n'est-ce pas? "De tout notre mobilier, je ne gardai qu'une chaise, un matelas et un balai; ce balai me fut tres utile, tu vas Voir. J'installai ces richesses dans un coin de notre maison de la rue Lanterne, dont le loyer etait paye encore pour deux mois, et me voila occupant a moi tout seul ce grand appartement nu, froid, sans rideaux. Ah! mon ami, quelle tristesse! Chaque soir, quand je revenais de mon bureau, c'etait un nouveau chagrin et comme une surprise de me retrouver seul entre ces quatre murailles. J'allais d'une piece a l'autre, fermant les portes tres fort, pour faire du bruit. Quelquefois il me semblait qu'on m'appelait au magasin, et je criais: "J'y vais!" Quand j'entrais chez notre mere, je croyais toujours que j'allais la trouver tricotant tristement dans son fauteuil, pres de la fenetre... "Pour comble de malheur, les babarottes reparurent. Ces horribles petites betes, que nous avions eu tant de peine a combattre en arrivant a Lyon, apprirent sans doute votre depart et tenterent une nouvelle invasion, bien plus terrible encore que la premiere. D'abord j'essayai de resister. Je passai mes soirees dans la cuisine, ma bougie d'une main, mon balai de l'autre, a me battre comme un lion, mais toujours en pleurant. Malheureusement j'etais seul, et j'avais beau me multiplier, ce n'etait plus comme au temps d'Annou. Du reste, les babarottes, elles aussi, arrivaient en plus grand nombre. Je suis sur que toutes celles de Lyon--et Dieu sait s'il y en a dans cette grosse ville humide!--s'etaient levees en masse pour venir assieger notre maison. La cuisine en etait toute noire, je fus oblige de la leur abandonner. Quelquefois je les regardais avec terreur par le trou de la serrure. Il y en avait des milliards de mille... Tu crois peut-etre que ces maudites betes s'en tinrent la! Ah! bien oui! tu ne connais pas ces gens du Nord. C'est envahissant comme tout. De la cuisine, malgre portes et serrures, elles passerent dans la salle a manger, ou j'avais fait mon lit. Je me transportai dans le magasin, puis dans le salon. Tu ris! j'aurais voulu t'y voir. "De piece en piece, les dam
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