ubissait pas l'influence.
Est-ce qu'il avait de ces scrupules, le vieil homme d'affaires qui,
froidement, pour le seul interet d'un tant pour cent sur une dot,
conseillait de tuer une femme par l'ivrognerie, et un enfant n'importe
comment?
Avec lui on etait reellement a deux le jeu et au plus fort des deux.
Comme il en arrivait a cette conclusion, il s'arreta, se demandant s'il
etait fou de suivre une pareille idee; puis tout de suite, pour la
chasser, il se remit au travail qui, pendant un certain temps, mais
moins longuement que la premiere fois, l'absorba.
Puis, de nouveau, sa volonte lui echappant, il se reprit a penser a
Caffie.
Il n'etait que trop evident que, s'il avait realise l'idee d'etrangler
Caffie, toutes les difficultes contre lesquelles il se debattait et qui
allaient l'ecraser, sinon le lendemain, au moins dans quelques jours
auraient ete immediatement aplanies.
Plus d'huissiers, plus de creanciers! Quelle delivrance!
Le repos, la possibilite de passer ses concours avec un esprit
tranquille que la fievre des inquietudes materielles ne troublerait
point: dans ces conditions, son succes etait assure, il le sentait.
Et ses experiences! il ne courait plus le danger de les voir brusquement
interrompues, ses preparations n'etaient pas jetees dans la rue, ses
tubes de culture n'etaient pas brises, ses matras, ses ballons ne s'en
allaient point chez le brocanteur; il continuait ses recherches, elles
aboutissaient aux resultats qu'il poursuivait: pour lui, la gloire;
pour l'humanite, la guerison d'une des plus terribles maladies qui la
fauchent, et peut-etre de deux!
Ainsi la question se posait bien simple:
D'un cote, Caffie;
De l'autre, l'humanite et la science;
Un vieux coquin, qui avait merite vingt fois la mort, qui d'ailleurs
allait mourir naturellement dans un delai prochain;
Et l'humanite, la science qui allaient profiter d'une decouverte dont il
serait l'auteur.
Il s'apercut que la sueur perlait sur ses mains et lui coulait dans le
cou.
Pourquoi cette defaillance? Par horreur du crime dont il admettait la
possibilite? Ou par peur de voir ses experiences aneanties?
Il fallait reflechir, se rendre compte, s'observer.
Il avait dit a Philis que les gens intelligents, avant de s'engager dans
une action, en pesent le pour et le contre.
Contre la mort de Caffie, il ne voyait rien.
Pour, au contraire, tout se reunissait.
S'il avait eu les scrupules de Philis ou les cr
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