, de son cote, se tenait sur
ses gardes, ne livra absolument rien que des platitudes a la
curiosite de d'Artagnan, ce qui fit que d'Artagnan, d'assez
mauvaise humeur, demanda a aller se coucher aussitot que son repas
fut fini.
D'Artagnan fut introduit par Bazin dans une chambre assez
mediocre, ou il trouva un assez mauvais lit; mais d'Artagnan
n'etait pas difficile. On lui avait dit qu'Aramis avait emporte
les clefs de son appartement particulier, et comme il savait
qu'Aramis etait un homme d'ordre et avait generalement beaucoup de
choses a cacher dans son appartement, cela ne l'avait nullement
etonne. Il avait donc, quoiqu'il eut paru comparativement plus
dur, attaque le lit aussi bravement qu'il avait attaque le poulet,
et comme il avait aussi bon sommeil que bon appetit, il n'avait
guere mis plus de temps a s'endormir qu'il n'en avait mis a sucer
le dernier os de son roti.
Depuis qu'il n'etait plus au service de personne, d'Artagnan
s'etait promis d'avoir le sommeil aussi dur qu'il l'avait leger
autrefois; mais de si bonne foi que d'Artagnan se fut fait cette
promesse, et quelque desir qu'il eut de se la tenir
religieusement, il fut reveille au milieu de la nuit par un grand
bruit de carrosses et de laquais a cheval. Une illumination
soudaine embrasa les murs de sa chambre; il sauta hors de son lit
tout en chemise et courut a la fenetre.
"Est-ce que le roi revient, par hasard? pensa-t-il en se frottant
les yeux, car en verite voila une suite qui ne peut appartenir
qu'a une personne royale."
-- Vive M. le surintendant! cria ou plutot vocifera a une fenetre
du rez-de-chaussee une voix qu'il reconnut pour celle de Bazin,
lequel, tout en criant, agitait un mouchoir d'une main et tenait
une grosse chandelle de l'autre.
D'Artagnan vit alors quelque chose comme une brillante forme
humaine qui se penchait a la portiere du principal carrosse; en
meme temps de longs eclats de rire, suscites sans doute par
l'etrange figure de Bazin, et qui sortaient du meme carrosse,
laissaient comme une trainee de joie sur le passage du rapide
cortege.
-- J'aurais bien du voir, dit d'Artagnan, que ce n'etait pas le
roi; on ne rit pas de si bon coeur quand le roi passe. He! Bazin!
cria-t-il a son voisin qui se penchait aux trois quarts hors de la
fenetre pour suivre plus longtemps le carrosse des yeux, he!
qu'est-ce que cela?
-- C'est M. Fouquet, dit Bazin d'un air de protection.
-- Et tous ces gens?
-- C'est la cour de
|