pathie.
Ainsi, par la faute d'un tailleur inhabile, j'ignorerai toujours
l'histoire du pretre et de l'araignee. Cependant je fus en butte a des
vexations sans nombre et je me fis des amis, tant il est vrai que, dans
les choses humaines, le bien est toujours mele au mal. Mais, en ce cas,
le mal pour moi l'emportait sur le bien. Et cette tunique etait
inusable. En vain j'essayai de la mettre hors d'usage. Ma mere avait
raison. Rabiou etait un honnete homme qui craignait Dieu et fournissait
de bon drap.
VII
MONSIEUR DEBAS
I
Il etait peut-etre necessaire au progres de la vie moderne qu'une gare
s'elevat sur les ruines regrettees de la Cour des Comptes, qu'on
arrachat tous les arbres de nos quais, qu'on fit passer un chemin de fer
souterrain et un tramway a vapeur sur cette rive longtemps paisible.
Je l'attends a voir bientot, au bord du fleuve de gloire, sur les vieux
quais augustes, des hotels construits et decores dans cet effroyable
style americain qu'adoptent maintenant les Francais, apres avoir, durant
une longue suite de siecles, deploye dans l'art de batir toutes les
ressources de la grace et de la raison. On m'assure que la prosperite de
la ville y est interessee et qu'il est temps que des bars et des cafes
remplacent les boutiques des librairies et les etalages des
bouquinistes.
Je n'en murmure point, sachant que le changement est la condition
essentielle de la vie et que les villes, comme les hommes, ne durent
qu'en se transformant sans cesse. Ne nous lamentons point devant la
necessite. Mais disons du moins combien etait aimable ce paysage
lapidaire dont nous ne reverrons plus les lignes anciennes.
Si j'ai jamais goute l'eclatante douceur d'etre ne dans la ville des
pensees genereuses, c'est en me promenant sur ces quais ou, du palais
Bourbon a Notre-Dame, on entend les pierres conter une des plus belles
aventures humaines, l'histoire de la France ancienne et de la France
moderne. On y voit le Louvre cisele comme un joyau, le Pont-Neuf qui
porta sur son robuste dos, autrefois terriblement bossu, trois siecles
et plus de Parisiens musant aux bateleurs en revenant de leur travail,
criant: "Vive le roi!" au passage des carrosses dores, poussant des
canons en acclamant la liberte aux jours revolutionnaires, ou
s'engageant, en volontaires, a servir, sans souliers, sous le drapeau
tricolore, la patrie en danger. Toute l'ame de la France a passe sur ces
arches venerables ou des mascarons, les
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