z, ou des
Acadiens, ou des Atlantes. Elle vint apres la morale, que dis-je? apres
la flute et l'essence de rose. Elle est dans ce vieil animal une
nouveaute charmante et meprisable. Elle a jete ca et la d'assez jolies
lueurs, je n'en disconviens pas. Elle rayonne agreablement dans un
Empedocle et dans un Galilee, qui auraient vecu plus heureux s'ils
avaient eu moins d'aptitude a saisir quelques rapports fixes dans
l'infinie diversite des phenomenes. L'intelligence a quelque grace, un
charme, je l'avoue. Elle plait en quelques personnes. Rare comme elle
est aujourd'hui et retiree dans un petit nombre d'hommes meprises, elle
demeure innocente. Mais il ne faut pas s'y tromper: elle est contraire
au genie de l'espece. Si, par un malheur qui n'est point a craindre,
elle penetrait tout a coup dans la masse humaine, elle y ferait l'effet
d'une solution d'ammoniaque dans une fourmiliere. La vie s'arreterait
subitement. Les hommes ne subsistent qu'a la condition de comprendre mal
le peu qu'ils comprennent. L'ignorance et l'erreur sont necessaires a la
vie comme le pain et l'eau. L'intelligence doit etre, dans les societes,
excessivement rare et faible pour rester inoffensive.
C'est ce qui se produit, en effet. Non que tout soit regle dans le monde
pour la conservation des etres, mais parce que les etres ne se
conservent que dans des circonstances favorables. Il faut reconnaitre
que l'humanite, dans son ensemble, eprouve, d'instinct, la haine de
l'intelligence. Le sentiment obscur et profond de son interet l'y
pousse.
ARISTE
L'intelligence, telle que vous l'avez definie, est evidemment
l'intelligence speculative, l'aptitude a la philosophie des sciences. Et
il semble bien que cette faculte n'est pas aussi nouvelle que vous dites
et qu'elle est au contraire vieille comme l'humanite. L'homme qui le
premier fit griller, dans sa caverne, sur la pierre du foyer, une cuisse
d'ours, n'etait pas seulement cuisinier; il etait chimiste, et la
philosophie des sciences ne lui etait pas du tout etrangere. Ce qui est
vrai, c'est que les hommes tirent des principes les plus justes les
consequences les plus fausses. Ce n'est point l'intelligence qui est
funeste a l'humanite, ce sont les erreurs de l'intelligence. La faculte
de comprendre d'une certaine facon l'univers est attachee aux organes
memes de l'animal que nous sommes, et l'homme est ne savant. Je me
flatte de rester dans la bonne nature, en poursuivant mes travaux de
chimie agric
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