ient l'Amour, le dieu
Hercule et les Meres. Ces Meres etaient tres venerees dans toute la
Gaule occidentale. Les potiers de terre ne cessaient point de modeler
les figures de ces dieux qui se trouvent encore en grand nombre dans la
terre sur le rivage de l'Ocean, de la Somme a la Loire. Elles sont
parfois geminees, et deux meres sont assises cote a cote, tenant chacune
un enfant. Parfois, il n'y a qu'une Mere, et les paysans qui la
decouvrent en labourant leur champ la prennent pour la Vierge Marie.
Mais c'est une idole des paiens.
Saint Valery fut irrite a cette vue et pensa en son coeur:
"Des demons pendent comme des fruits pernicieux aux rameaux de cet
arbre."
Puis il leva la cognee qu'il portait a sa ceinture et, avec l'aide du
moine Valdolene, son compagnon, il renversa l'arbre avec les images
saintes qu'il abritait sous son feuillage. Quand les gens du pays virent
couche sur le sol l'arbre-dieu avec la multitude des offrandes et la
seve saignant sur le tronc mutile, ils furent saisis de douleur et
d'effroi. Et lorsque saint Valery leur cria: "C'est moi qui ai renverse
l'arbre que vous adoriez faussement", ils se jeterent sur lui et le
menacerent de l'abattre comme il avait abattu le dome verdoyant.
Alors l'apotre etendit les deux bras et dit:
"Si Dieu veut que je meure, que sa volonte soit faite."
Et soit que ces hommes sentissent en lui quelque chose de divin, soit
pour tout autre raison, ils le laisserent aller.
Mais il voulut rester avec eux pour les instruire dans l'Evangile. Il
etait juste aussi qu'il leur donnat un Dieu en echange de ceux qu'il
leur avait ote, car ceux qui detruisent l'esperance dans les ames sont
cruels. Puis, sa pieuse conquete etant achevee, Valery retourna a la
solitude qu'il avait choisi.
Les travaux de son apostolat etaient souvent penibles. Un jour, dit son
biographe, que cet ami de Dieu revenait a pied d'un lieu dit Cayeux a
son monastere dans la saison d'hiver, il arriva qu'a cause de
l'excessive rigueur du froid il s'arreta pour se chauffer dans la maison
d'un certain pretre. Celui-ci et ses compagnons, qui auraient du traiter
avec un grand respect un tel hote, commencerent au contraire a tenir
audacieusement, avec le juge du lieu, des propos inconvenants et
deshonnetes. Fidele a sa coutume de poser toujours sur les plaies
corrompues et hideuses le salutaire remede et la parole divine, il
essaya de les reprimer, disant:
"Mes fils, n'avez-vous pas vu dans l'Evang
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