s" de la ville. Il leur rappelle qu'il entend garder
"le droit de l'escollatre" qui lui appartient. Il veut que les ecoles
soient pourvues "d'ung homme de bien et bonnes lettres". Et il n'a pas
d'autre exigence. Si le personnage que l'echevinage lui propose "est
suffisant", i l'agree. "Car, ajoute-t-il, je desire merveilleusement que
vos enfants soient bien instruictz, car c'est le bien de vostre chose
publique."
Ce registre que j'ai sous les yeux, et qui embrasse la premiere moitie
du XVIe siecle, contient aussi, a la date de 1533, une bien curieuse
ordonnance relative "au peche d'adultere". Je vais la transcrire tout au
long. Mais il faut d'abord rappeler que Saint-Valery etait au XVIe
siecle un port de cabotage tres important. Si la ville avait ete vingt
fois ruinee par les guerres, la baie etait une source de biens. A cette
epoque ou la navigation naissante, deja hardie, grace a la decouverte de
la boussole, et le commerce dans son premier essor, faisaient affluer la
richesse sur nos cotes, on pouvait dire que la mer etait d'or. Devenus
riches, les habitants de Saint-Valery eurent hate de jouir, et ils
etalerent un luxe inconnu aux braves gens qui avaient defendu jadis leur
forteresse contre les Anglais. Les dames porterent des etoffes et des
fourrures venues des Indes ou de l"Amerique, des soies, des laines
magnifiques. Ainsi parees, on les trouva plus jolies. On les aima
beaucoup; elles se laisserent aimer. Aussi les moeurs devinrent tres
relachees dans cette ville aujourd'hui simple, rude et modeste. C'est
pourquoi la municipalite rendit en 1533 l'ordonnance suivante dont le
lecteur entendra sans trop de peine, je le crois, le vieux francais,
encore qu'un peu picard.
Je reproduis fidelement le texte original, tel que je le lis sur le
registre qui m'a ete gracieusement communique:
"Considerant la justice tant ecclesiastique que temporelle, que Nostre
Seigneur Jesucrist est journellement offense en ceste paroisse de
plusieurs crimes et enormes vices qui se y perpetrent et principalement
au peche d'adultere par plusieurs personnes hommes et femmes maries qui
sont tous publicques et manifestes. Pour lesquelz crimes et villains
peches sommes appertement menaches de l'ire de Dieu, a este advise et
conclud tant de monseigneur l'official que par les bailly et maieur de
ceste ville quil sera faicte deffense generale tant en l'eglise que es
lieux publicquez que nulz hommes ne femmes maries ne aient plus a
commetre ad
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