ndez! dit Morgan.
Le messager de Georges s'arreta.
-- Nouvelle pour nouvelle, fit Morgan; dites au general Cadoudal
que le general Bonaparte a quitte l'armee d'Egypte, est debarque
avant-hier a Frejus et sera dans trois jours a Paris. Ma nouvelle
vaut bien les votres; qu'en dites-vous?
-- Impossible! s'ecrierent tous les moines d'une voix.
-- Rien n'est pourtant plus vrai, messieurs; je tiens la chose de
notre ami le Pretre, qui l'a vu relayer une heure avant moi a Lyon
et qui l'a reconnu.
-- Que vient-il faire en France? demanderent deux ou trois voix.
-- Ma foi, dit Morgan, nous le saurons bien un jour ou l'autre; il
est probable qu'il ne revient pas a Paris pour y garder
l'incognito.
-- Ne perdez pas un instant pour annoncer cette nouvelle a nos
freres de l'Ouest, dit le president au paysan vendeen: tout a
l'heure je vous retenais; maintenant, c'est moi qui vous dis:
"Allez!"
Le paysan salua et sortit; le president attendit que la porte fut
refermee:
-- Messieurs, dit-il, la nouvelle que vient de nous annoncer frere
Morgan est tellement grave, que je proposerai une mesure speciale.
-- Laquelle? demanderent d'une seule voix les compagnons de Jehu.
-- C'est que l'un de nous, designe par le sort, parte pour Paris,
et, avec le chiffre convenu, nous tienne au courant de tout ce qui
se passera.
-- Adopte, repondirent-ils.
-- En ce cas, reprit le president, ecrivons nos treize noms,
chacun le sien, sur un morceau de papier; mettons-les dans un
chapeau, et celui dont le nom sortira partira a l'instant meme.
Les jeunes gens, d'un mouvement unanime, s'approcherent de la
table, ecrivirent leurs noms sur des carres de papier qu'ils
roulerent, et les mirent dans un chapeau.
Le plus jeune fut appele pour etre le prete-nom du hasard.
Il tira un des petits rouleaux de papier et le presenta au
president, qui le deplia.
-- Morgan, dit le president.
-- Mes instructions, demanda le jeune homme.
-- Rappelez-vous, repondit le president, avec une solennite a
laquelle les voutes de ce cloitre pretaient une supreme grandeur,
que vous vous appelez le baron de Sainte-Hermine, que votre pere a
ete guillotine sur la place de la Revolution et votre frere tue a
l'armee de Conde. Noblesse oblige! voila vos instructions.
-- Et pour le reste, demanda le jeune homme.
-- Pour le reste? dit le president, nous nous en rapportons a
votre royalisme et a votre loyaute.
-- Alors, mes amis, permettez-moi de
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