aut de lignee
male, eut recours a ses bons offices et traita avec Yan a forfait.
Bejarec lui donna satisfaction avec son infaillibilite ordinaire et
reellement providentielle.
Ce fut alors que Marie-Anne mourut, etrangement tuee par ce quatorzieme
enfant qui refusait de venir au monde, ne le trouvant pas assez vaste
pour lui, et le faiseur demeura seul avec les treize autres, sans
fortune ni metier pour les elever. Anne-Marie lui en prit deux, les
deux petits, par reconnaissance; mais ce fut tout, et les onze autres
alignaient des dentitions terribles. Le naif et bon Bejarec, qui ne
savait de ses dix doigts rien faire et dont l'instruction etait aussi
sommaire que son entendement meme, vu que, sous ses cheveux splendides,
le cervelet avait mange la cervelle, eut une idee tres belle et
primitive. Comme de certaines gens, particulierement constitues,
decouvrent des sources vives dans les terrains incultes avec la baguette
de coudrier, il resolut de feconder, pour vivre, les jacheres de la
maternite francaise et, le projet concu, il se mit tout de suite a
l'oeuvre avec courage.
Il ne tarda pas, Dieu aidant, a se former une gentille clientele,
d'abord dans le departement, puis aux alentours. On le voyait arriver
sur les places des bourgades, toujours net, propre comme un sou,
la barbe et les cheveux demeles et peignes a miracle. Il tirait un
accordeon, y jouait de son mieux _La Marseillaise_, le seul air qu'il
sut, et distribuait de petits papiers aux dames de la societe. Il etait
bien rare, oh! mais bien rare, qu'il s'en allat sans gloire et sans
argent! Sans doute, sa bonne commere de femme veillait sur lui du
paradis!
A present, il est vieux, le beau Celte, et il n'exerce plus, mais il a
eleve ses onze enfants en honnete homme. Tous sont cases, les garcons et
les filles, a droite, a gauche, il ne sait ou, les chers ingrats! Et il
me raconte, en posant, que, sur les routes ou il se traine en attendant
l'heure de rejoindre sa bien-aimee femme, les gamins du pays lui jettent
quelquefois des pierres.
--Pauvres petits, ils ne savent pas! dit-il.
COCO ET BIBI
Tous ceux de mon age garderent vivaces les souvenirs de cette semaine
printaniere--prairial LXXIX--que l'on a appelee, non sans raison, helas!
la Semaine sanglante. Rassurez-vous, je n'en raviverai pas ici la
memoire. Mais comme elle est le cadre a la fois historique et normal
du recit parisien que voici, le localiser en un autre temps serait en
eve
|