souris, il sourit; je fais le geste; oh!
a peine, a peine; il repond "oui" de la tete et le voila qui entre, ma
cherie! Il entre par la grande porte de la maison."
"Tu ne te figures pas ce qui s'est passe en moi a ce moment-la! J'ai cru
que j'allais devenir folle. Oh! quelle peur! Songe, il allait parler aux
domestiques! A Joseph qui est tout devoue a mon mari! Joseph aurait cru
certainement que je connaissais ce monsieur depuis longtemps."
"Que faire? dis? Que faire? Et il allait sonner, tout a l'heure, dans une
seconde, Que faire, dis? J'ai pense que le mieux etait de courir a sa
rencontre, de lui dire qu'il se trompait, de le supplier de s'en aller. Il
aurait pitie d'une femme, d'une pauvre femme! Je me precipite donc a la
porte et je l'ouvre juste au moment ou il posait la main sur le timbre."
"Je balbutiai, tout a fait folle: "Allez-vous-en, Monsieur, allez-vous-en,
vous vous trompez, je suis une honnete femme, une femme mariee. C'est une
erreur, une affreuse erreur; je vous ai pris pour un de mes amis a qui vous
ressemblez beaucoup. Ayez pitie de moi, Monsieur."
"Et voila qu'il se met a rire, ma chere, et il repond: "Bonjour, ma chatte.
Tu sais, je la connais, ton histoire. Tu es mariee, c'est deux louis au
lieu d'un. Tu les auras. Allons montre-moi la route."
"Et il me pousse; il referme la porte, et comme je demeurais, epouvantee,
en face de lui, il m'embrasse, me prend par la taille et me fait rentrer
dans le salon qui etait reste ouvert."
"Et puis, il se met a regarder tout comme un commissaire-priseur; et il
reprend: "Bigre, c'est gentil, chez toi, c'est tres chic. Faut que tu sois
rudement dans la deche en ce moment-ci pour faire la fenetre!"
"Alors, moi, je recommence a le supplier: "Oh! Monsieur, allez-vous-en!
allez-vous-en! Mon mari va rentrer! Il va rentrer dans un instant, c'est
son heure! Je vous jure que vous vous trompez!"
"Et il me repond tranquillement: "Allons, ma belle, assez de manieres comme
ca. Si ton mari rentre, je lui donnerai cent sous pour aller prendre
quelque chose en face."
"Comme il apercoit sur la cheminee la photographie de Raoul, il me demande:
"--C'est ca, ton... ton mari?
"--Oui, c'est lui.
"--Il a l'air d'un joli mufle. Et ca, qu'est-ce que c'est? Une de tes
amies?
"C'etait ta photographie, ma chere, tu sais celle en toilette de bal. Je ne
savais plus ce que disais, je balbutiai:
"--Oui c'est une de mes amies.
"--Elle est tres gentille. Tu me la
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