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'etaient partage les besognes qu'ils accomplissaient regulierement. Ulrich Kunsi se chargeait des nettoyages, des lavages, de tous les soins et de tous les travaux de proprete. C'etait lui aussi qui cassait le bois, tandis que Gaspard Hari faisait la cuisine et entretenait le feu. Leurs ouvrages, reguliers et monotones, etaient interrompus par de longues parties de cartes ou de des. Jamais ils ne se querellaient, etant tous deux calmes et placides. Jamais meme ils n'avaient d'impatiences, de mauvaise humeur, ni de paroles aigres, car ils avaient fait provision de resignation pour cet hivernage sur les sommets. Quelquefois, le vieux Gaspard prenait son fusil et s'en allait a la recherche des chamois; il en tuait de temps en temps. C'etait alors fete dans l'auberge de Schwarenbach et grand festin de chair fraiche. Un matin, il partit ainsi. Le thermometre du dehors marquait dix-huit au-dessous de glace. Le soleil n'etant pas encore leve, le chasseur esperait surprendre les betes aux abords du Wildstrubel. Ulrich, demeure seul, resta couche jusqu'a dix heures. Il etait d'un naturel dormeur; mais il n'eut point ose s'abandonner ainsi a son penchant en presence du vieux guide toujours ardent et matinal. Il dejeuna lentement avec Sam, qui passait aussi ses jours et ses nuits a dormir devant le feu; puis il se sentit triste, effraye meme de la solitude, et saisi par le besoin de la partie de cartes quotidienne, comme on l'est par le desir d'une habitude invincible. Alors il sortit pour aller au-devant de son compagnon qui devait rentrer a quatre heures. La neige avait nivele toute la profonde vallee, comblant les crevasses, effacant les deux lacs, capitonnant les rochers; ne faisant plus, entre les sommets immenses, qu'une immense cuve blanche reguliere, aveuglante et glacee. Depuis trois semaines, Ulrich n'etait plus revenu au bord de l'abime d'ou il regardait le village. Il y voulut retourner avant de gravir les pentes qui conduisaient a Wildstrubel. Loeche maintenant etait aussi sous la neige, et les demeures ne se reconnaissaient plus guere, ensevelies sous ce manteau pale. Puis, tournant a droite, il gagna le glacier de Loemmern. Il allait de son pas allonge de montagnard, en frappant de son baton ferre la neige aussi dure que la pierre. Et il cherchait avec son oeil percant le petit point noir et mouvant, au loin, sur cette nappe demesuree. Quand il fut au bord du glacier, il s'arreta, se demandant si l
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