la chaleur de sa
mere, c'eut ete se trahir; mais le portrait qu'il fit d'elle, long
et detaille, plutot exact qu'enthousiaste, donnait bien l'idee de ce
qu'elle etait reellement.
Michel se montra tres-satisfait de ce portrait, car il paraissait tenir
beaucoup a la beaute de sa soeur. Quelle eut de l'esprit, du coeur, de
la bonte, de la tendresse, il n'en prenait nul souci. Elle etait belle?
pour lui tout etait la.
Il n'etait pas bien difficile de deviner ce qui inspirait ce desir. Si
Berengere etait belle, on lui trouverait le mari a grand nom ou a grande
situation financiere qu'il voulait; car c'est avec la beaute comme
appat, plus qu'avec le coeur, la bonte ou la tendresse qu'on peche les
maris.
La seconde question sur laquelle il insista presque aussi longuement se
rapporta a la sante de M. de la Roche-Odon.
Comment le vieux comte portait-il ses soixante-seize ans? Etait-il
souvent malade? Que disaient de lui les medecins? Etait-il vrai qu'il se
fut astreint a un regime severe, afin de prolonger son existence au-dela
des limites permises? Cela etait bien ridicule.
Pour ces questions non plus, il n'etait pas bien difficile de deviner
le mobile qui les dictait: assurement ce n'etait point un interet
sympathique; et ce n'etait pas que le comte de la Roche-Odon vecut
longtemps encore que Michel souhaitait; tout au contraire, c'etait qu'il
mourut bientot en laissant sa fortune a Berengere.
Mais la-dessus il n'entrait pas dans les combinaisons d'Aurelien de lui
repondre comme il l'avait fait pour Berengere. Tout au contraire, il
s'appliqua a demolir les esperances que Michel pouvait avoir: le
comte portait gaillardement sa vieillesse, jamais il n'avait une
indisposition, le regime qu'il s'etait impose lui reussissait a
merveille, et tout le monde, meme les medecins, s'accordaient a dire
qu'il vivrait au-dela de cent ans.
A chacune de ces reponses Michel avait fait la grimace et a la derniere
il s'etait leve de table avec colere.
--Il y a les accidents, avait-il dit.
--Encore faut-il qu'on s'y expose.
--Au revoir, a demain.
Et, sans en dire ou en ecouter davantage, Michel etait sorti, avait fait
signe a un cocher et montant en voiture avait plante la son nouvel ami.
Aurelien s'etait bien doute que ses paroles ne seraient pas agreables a
Michel, mais les choses entre eux etaient assez avancees maintenant pour
qu'il risquat ces reponses, quel que put etre leur effet.
Michel pourrait en etre contr
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