arie, mais il ne pourrait pas s'en facher;
et il importait qu'en meme temps que ses esperances relatives au mariage
de sa soeur se trouvaient confirmees et agrandies, ses calculs sur la
mort prochaine du comte de la Roche-Odon fussent radicalement detruits.
Jusqu'alors sa soeur lui avait paru bonne pour deux speculations.
Dans la premiere, le comte de la Roche-Odon mourait prochainement, et
Berengere heritiere de son grand-pere, venait vivre pres de sa mere et
de son frere, qui l'un et l'autre administraient la fortune de cette
petite fille jusqu'au jour de la majorite de celle-ci, et meme peut-etre
plus loin encore.
Dans la seconde, Berengere n'heritait pas, par cette raison que le comte
de la Roche-Odon ne mourait pas, mais elle se mariait a un mari riche,
"un beta", et Michel, qui avait fait le mariage, profitait de la fortune
en meme temps que de la betise de son beau-frere.
Tel etait le plan a double issue de ce jeune homme precoce et pratique,
qui avait jete un clair regard sur la vie, et qui attendait le succes de
l'une ou l'autre de ces combinaisons, pour prendre dans le monde le rang
qui lui appartenait.
Maintenant, eclaire comme il venait de l'etre, il renoncerait sans doute
a la combinaison n deg. 1, c'est-a-dire a celle qui reposait sur la mort
de M. de la Roche-Odon, et il reporterait toutes ses esperances sur
la combinaison n deg. 2, c'est-a-dire sur le mariage de sa soeur fait et
arrange par lui, dans les conditions qu'il desirait.
C'etait la un grand point d'obtenu.
Decidement cette journee avait encore ete bonne.
Ce fut le mot de madame Pretavoine quand Aurelien, revenu a _la
Minerve_, la lui raconta.
--La benediction de notre saint-pere vous a porte bonheur, dit-elle.
X
Si Aurelien employait utilement ses journees, madame Pretavoine ne
perdait pas les siennes.
Elle n'etait pas fiere, madame Pretavoine, et tous les instruments dont
elle pouvait tirer un son quelconque, si faible qu'il fut, lui etaient
bons.
Partant de ce principe, qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi,
qui avait ete le sien pendant sa vie commerciale et dont elle s'etait
toujours bien trouvee, elle avait, en attendant l'arrivee de Mgr de la
Hotoie, entrepris deux conquetes,--celle du signor Baldassare, le valet
de chambre, _custode_, homme a tout faire de Mgr de la Hotoie, et
celle de mademoiselle Emma, la femme de chambre, la confidente, la
complaisante de madame la vicomtesse de la Roche-Odon.
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