lle les bonbons?
--Oui, beaucoup.
--Les poupees?
--Elle n'en avait jamais eu.
--Mais les aimait-elle?
--Oh! oui.
Et les yeux de l'enfant avaient jete des flammes.
--Eh bien, je vous en apporterai.
--Comme celles qu'on voit dans le Corso?
--Comme celles qu'on voit dans le Corso.
Et deux jours apres, sous pretexte de demander si Mgr de la Hotoie
n'avait pas ecrit, madame Pretavoine etait revenue, apportant un sac de
bonbons et une poupee achetee dans le Corso.
Cette fois, la porte, au lieu de s'entrouvrir devant elle, s'etait
ouverte toute grande, et Baldassare non-seulement l'avait fait entrer,
mais encore il lui avait avance un siege.
L'enfant avait parle entre les deux visites.
Grande fut la joie de la petite fille quand elle vit les bonbons et la
poupee, mais plus grande encore fut la joie du pere. L'enfant riait,
dansait; il riait aussi avec sa figure farouche, et volontiers il eut
danse avec elle.
--J'aime beaucoup les enfants, je les adore, je ne peux en voir un sans
desirer lui faire plaisir, dit madame Pretavoine, et votre petite fille
m'a paru si charmante que je n'ai pu resister a l'envie de lui apporter
une poupee. Vous n'avez pas d'autres enfants?
Baldassare avait envoye sa fille jouer dans la cour et il avait raconte
"son malheur" a cette bonne dame qui se montrait si gracieuse pour les
enfants.
La premiere fois qu'il avait repondu a madame Pretavoine, c'etait a
peine s'il s'etait servi de quelques mots francais, mais maintenant il
s'expliquait sinon facilement au moins suffisamment pour etre compris;
d'ailleurs madame Pretavoine se gardait bien de laisser paraitre qu'elle
ne le comprenait pas alors meme qu'elle cherchait ce qu'il avait voulu
dire; sa physionomie se modelait sur celle de Baldassare, souriant quand
il souriait, s'attristant quand il s'assombrissait.
Elle ne lui adressa pas une seule question qui eut rapport a Mgr de
la Hotoie, et ne montra d'interet ou de curiosite que pour ce qui le
touchait personnellement, lui Baldassare et "sa chere petite fille si
intelligente, si jolie."
Les Italiens sont fins, mais comment Baldassare se serait-il defie d'une
si bonne dame qui ne prononcait meme pas le nom de son maitre: elle
avait ete seduite par l'enfant, c'etait apres tout bien naturel.
Il parlait donc de l'enfant, de ce qu'il ferait d'elle, de ses
esperances, de son avenir, de ses parents, d'un de ses cousins Lorenzo
Picconi, qui etait aide de chambre au
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