e cabinets sombres pour quelqu'un
qui eut exige de la vraisemblance et de la realite; mais Aurelien
n'exigeait qu'une chose, qui etait que Michel fut heureux d'avoir trouve
un auditeur complaisant, et c'etait a lui, non a Michel, de s'arranger
pour obtenir ce resultat.
--Je vous la ferai connaitre, dit Michel, nous passerons ensemble tantot
dans le Corso, et je vous la montrerai; vous me direz ce que vous en
pensez.
--Non tantot, dit Aurelien qui voulait se menager une nouvelle entrevue,
car j'ai pour cette apres-midi un rendez-vous important, mais demain, si
vous voulez bien; ce que vous venez de me raconter d'elle me donne un
vif desir de la voir.
--Oh! vous savez, pas de plaisanterie, n'est-ce pas, je la trouverais
mauvaise; assurement je ne suis pas jaloux, mais enfin je tiens a elle,
au moins pour quelques jours encore; elle m'amuse, et a Rome c'est
precieux.
Pour la premiere fois, Aurelien prit une figure scandalisee:
--Permettez-moi de vous dire que vous ne savez pas dans quels principes
j'ai ete eleve; je ne cours pas apres les femmes.
Michel secoua la tete par un geste qui disait que pour lui les principes
ne signifiaient absolument rien.
--Enfin, a demain, dit-il; de quatre a cinq heures vous me trouverez
dans le Corso, et elle nous regardera quand nous passerons.
Aurelien avait trouve cette histoire d'amour d'autant plus longue,
que depuis qu'il etait avec Michel, il y avait un point qu'il voulait
eclairer, et qu'il ne pouvait pas aborder tant qu'il serait question de
la modiste.
C'etait celui qui touchait les intentions de Michel quant au mariage de
sa soeur.
En disant a madame Pretavoine qu'il ne fallait pas que Berengere se
mariat sans avoir vu le monde, et qu'il se chargeait de lui trouver un
mari qui eut une grande situation ou qui eut un grand nom et qui fut
un peu beta, avait-il parle serieusement, ou bien ces paroles
n'avaient-elles ete qu'une boutade?
Il etait d'une importance capitale d'etre fixe a ce sujet.
Enfin par d'habiles detours il ramena la conversation vers Conde, et
tout naturellement lorsqu'ils en furent la, elle arriva a Berengere.
Apres avoir longtemps parle, Michel a son tour ecouta, et surtout
questionna.
Sa soeur etait-elle reellement une beaute, comme l'avait dit madame
Pretavoine? la petite fille qu'il se rappelait etait degingandee, et
elle n'avait alors de remarquable que des yeux et des cheveux.
Aurelien ne pouvait pas parler de Berengere avec
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