a fait independante, en appliquant le seul principe de chacun pour soi.
[Note 63: Ces experiences fourniraient une bonne methode pour l'etude
de la psychologie du rire, etude qui reste encore a faire, puisque
jusqu'ici elle n'a ete traitee que theoriquement.]
Voici les sentiments plus ou moins sociaux qui m'ont paru se degager
pendant cette experience, et que j'ai notes a mesure.
Le desir de la plupart des eleves a paru etre de repondre les premiers;
c'est sans doute une habitude qui provient des reponses collectives en
classe; or, comme pour repondre le premier, il faut repondre vite, il en
est resulte que beaucoup d'eleves n'ont pas pris le temps de la reflexion,
et cette circonstance a du certainement contribuer a une augmentation de
leur suggestibilite. Il s'est eleve souvent des discussions courtes pour
savoir quel camarade avait repondu le premier, ce qui nous prouve combien
chacun d'eux tenait au rang de vitesse qu'il avait conquis. L'eleve faisant
fonction de president etait charge d'inscrire non seulement les reponses
des eleves, mais l'ordre des reponses, et je dois a la verite de constater
que ce president n'a pas toujours ete impartial; lorsqu'un autre eleve
repondait en meme temps que lui, ou meme un peu avant lui, il a souvent
commis la petite tricherie de se porter comme ayant repondu le premier.
Il est incontestable, et nous en verrons tout a l'heure le detail, que
ces reponses donnees les premieres ont fait contagion sur les eleves plus
lents: mais il semble que cette contagion n'a jamais ete voulue; les eleves
repondant les premiers se sont trouves etre des _leaders_ sans l'avoir
cherche.
Un fait qui nous a paru extremement frequent a ete celui de l'imitation
soumise; tres souvent, des qu'une reponse quelconque etait donnee, elle
etait acceptee par les autres eleves sans aucune critique, ou avec une
modification tout a fait insignifiante qui n'otait point a la reponse son
caractere d'imitation.
Il est arrive, mais plus rarement, que certains eleves n'ont point voulu
donner leur opinion, de peur d'eclairer leurs camarades; l'un d'entre eux
attendait toujours que les autres reponses fussent ecrites, avant de donner
la sienne. Il ne voulait pas qu'on la lui prit.
L'attitude prise par les eleves a presente, pendant toute la duree de
l'experience, un caractere remarquable de constance; ceux qui repondaient
les premiers ou les derniers etaient presque toujours les memes. Nous
donnons ci-apres l
|