fuses chez les sujets automates; une autre
supposition que je crois plus vraisemblable, est que le sujet automate pour
les mouvements n'a point l'habitude de fixer fortement son attention sur
ses sensations musculaires. Mais laissons la question en suspens. Toujours
est-il que lorsqu'on interroge le sujet sur la maniere dont il s'est
comporte et sur la nature des mouvements qu'il vient d'executer, on
l'oblige a se rendre compte de ses mouvements; on le determine a fixer son
attention sur ces mouvements, et par consequent on trouble les conditions
mentales de la precedente experience; le sujet, ainsi aide par
l'experimentateur, surveille de plus pres sa main, il doit mieux percevoir
les caracteres differentiels du mouvement actif et du mouvement passif, il
se laisse moins aller, il veut savoir; bref, ces dispositions differentes
contrarient le developpement du mouvement automatique, car un mouvement
est d'autant moins automatique, en general, qu'on le surveille avec plus
d'attention. C'est ainsi que nous expliquons comment il se fait que la
repetition de l'experience, l'exercice, produisent sur nos sujets un effet
diametralement oppose a celui que fournissent les recherches d'hypnotisme;
plus nous experimentons sur nos enfants d'ecole, moins ils deviennent
suggestibles. Nous en avons deja fait la remarque a propos des experiences
sur les lignes, et Sidis avait fait une remarque analogue sur des eleves de
laboratoire. C'est donc un fait sinon general, du moins frequent, et il est
contraire a tout ce qu'on observe dans l'hypnotisme: le sujet hypnotise
devient d'autant plus suggestible, on le sait, qu'il a ete suggestionne
plus souvent, et c'est ce qui constitue le danger moral de la suggestion
hypnotique, qui, au bout de quelque temps, livre le corps et l'ame d'un
individu a la volonte d'un autre individu. Il est fort heureux pour nos
recherches qu'elles ne presentent point ce caractere si dangereux; en
realite, on pourrait dire d'elles qu'elles guerissent de la suggestion,
elles rendent nos sujets refractaires, elles leur apprennent a se rendre
compte des erreurs qu'ils commettent et les habituent a se controler.
Ce sont des experiences qui meritent d'etre qualifiees de pedagogiques,
puisqu'elles procurent aux sujets un profit intellectuel.
Mais comment peut-il se faire, demandera-t-on, qu'une tentative de
suggestion qui, lorsqu'on fait de l'hypnotisme ou meme sans hypnotisme,
produit une augmentation de la suggestibilite,
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