e mis hors de cause.
J'ai cru qu'ils n'ont point de confidences interessantes a nous faire
puisqu'ils n'ont pas obei a la suggestion, mais je regrette maintenant
cette elimination. Je n'ai interroge que ceux qui ont ete reellement
suggestionnes; et les plus curieux a interroger peut-etre sont ces petits
enfants de sept ans qui ont obei a la suggestion avec un automatisme
parfait.
A la premiere question posee: "_Etes-vous content de ce que vous avez
fait_?" Il est bien rare de recevoir une reponse negative. La question est
tres vague, elle a du reste une tournure optimiste, et l'enfant repond
d'habitude d'un ton satisfait: "Oui, monsieur". Si on continue en precisant
un peu: "_Pensez-vous avoir commis des erreurs_?" Alors l'enfant devient
plus reflechi, quelque peu soucieux, mais en general il ne repond pas
encore; ce qu'on lui demande n'est pas assez clair pour lui. Il faut
preciser davantage, et lui dire: "_Avez-vous fait vos lignes trop courtes
ou trop longues_?" C'est la le mot decisif; a part les eleves qui
reellement n'ont commis que des erreurs insignifiantes, la majorite des
autres repond sans hesiter: "J'ai fait les lignes trop longues." Bien rares
sont ceux qui les trouvent trop courtes.
Cet aveu semble demontrer que le sujet a eu une demi-conscience de
l'illusion que la suggestion a produite; mais cette interpretation ne me
parait pas absolument demontree. Je crois que, quelque precaution qu'on y
mette, on suggestionne un peu l'enfant en lui demandant s'il a fait des
lignes trop courtes ou trop longues. Bien entendu, je me garde d'accentuer
un des qualificatifs, et je les prononce tous les deux avec le meme ton de
voix; mais par la j'attire l'attention de l'enfant, tres fortement, sur
une erreur relative a la longueur des lignes, je l'aide par consequent
a prendre conscience de son erreur, et cette conscience qu'il en a
maintenant, retrospectivement, grace a ma demande, me parait etre beaucoup
plus nette que celle qu'il a pu avoir au moment meme ou il tracait les
lignes. Je ne puis rien affirmer, touchant des phenomenes aussi intimes
et aussi fuyants: je note seulement mon impression personnelle. Par
l'interrogation methodique, je crois qu'on renforce un etat de conscience
tres faible, comme--qu'on me permette cette comparaison de photographe--en
developpant une plaque impressionnee on complete l'action de la lumiere sur
cette plaque.
Quand un enfant dit qu'il a fait les lignes trop longues, il peut voulo
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