les nombres termines
par 5 ont ete les plus nombreux. Quant aux autres nombres, ils ont ete
choisis si rarement qu'on ne peut pas determiner exactement leurs chances;
il parait seulement ressortir que les nombres 3 et 7 ont ete cites le moins
souvent.
Or, ces resultats sont precisement opposes a ceux qu'on obtient en priant
une personne de citer un chiffre au hasard; d'apres les observations qui me
sont personnelles, si on dit a une personne de choisir un nombre, de 1 a
9, elle cite le plus souvent le 7 et non le 5. Un ennemi de la psychologie
experimentale s'empressera sans doute de se prevaloir contre nous de cette
contradiction; mais je pense que cette contradiction n'est qu'apparente;
elle resulte de ce que le choix des chiffres n'est pas fait dans les memes
conditions mentales. Lorsqu'un enfant a un poids ou une ligne a evaluer,
son attention ne se porte pas uniquement sur le chiffre a donner, mais
aussi sur le poids et la ligne qu'il evalue; sa perception lui donne une
certaine indication dont il cherche a se rendre compte, et qu'il doit
apprecier par un chiffre; ayant donc l'esprit preoccupe par ce travail, il
prend des chiffres ronds pour deux raisons: d'abord, c'est que ces chiffres
viennent plus naturellement a l'esprit que d'autres, et exigent un effort
moindre; en second lieu, les nombres ronds sont plus approximatifs que les
autres, ils n'indiquent pas une pretention aussi nette a la precision;
dire d'un corps qu'il pese 50 kilogrammes veut dire qu'on l'apprecie
approximativement; cela signifie qu'il pese _environ_ 50 kilogrammes; mais
si on dit qu'il pese 49 kilogrammes, on porte alors un jugement qui a plus
de pretention a l'exactitude; car on ne dira pas d'un corps qu'il pese
_environ_ 49 kilogrammes.
L'etat mental d'une personne a qui l'on demande de citer un chiffre au
hasard est bien different. D'abord cette personne n'a pas a accomplir une
operation serieuse qui l'absorbe, elle a l'esprit completement libre; de
plus, le choix qu'elle doit faire d'un chiffre n'a aucune signification
precise, et il n'est pas plus ridicule de citer 49 que de citer 50. La
fantaisie peut donc se donner librement carriere. Maintenant, pourquoi
cette fantaisie qui parait si libre a-t-elle ses regles? Je ne me charge
pas de le dire.
A l'appui de ces documents, ou du moins pour les completer, j'en citerai
deux autres. Galton et H. le Poer[48] ont montre que la duree des
condamnations judiciaires est profondement affecte
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