qu'elles etaient trop grandes?" repond: "Parce que j'avais peur
que vous ne me les fissiez recommencer". Cette reponse laisse deviner une
crainte de mal faire, de deplaire au professeur, en faisant des corrections
qui altereraient la regularite de la copie.
Un autre eleve, beaucoup plus age, Clou, intelligent et appartenant a la
1re classe, s'arrete au milieu d'une experience, pour me demander s'il est
permis de marquer des points vers la marge. Il s'imaginait donc que c'etait
defendu. Ce sentiment de crainte a du bien probablement peser sur plusieurs
de nos sujets; il a ete avoue par quelques-uns.
En resume, notre interrogation nous permet de savoir jusqu'a quel point le
sujet s'est rendu compte de l'illusion, quand on l'interroge apres coup.
C'est la une donnee utile qu'il faut ajouter aux autres. Beaucoup de sujets
ont conscience d'avoir fait les lignes trop longues, beaucoup moins de
sujets peuvent expliquer pourquoi ils les faisaient trop longues et enfin
nous n'en avons pas rencontre un seul qui nous ait explique clairement
pourquoi il a continue a allonger les lignes apres s'etre apercu de son
erreur. Cette inconscience plus ou moins accentuee ne saurait nous etonner,
puisqu'elle est le propre de la suggestion hypnotique[41], mais il est bien
curieux de la rencontrer dans une experience scolaire.
[Note 41: Voir a ce propos _Magnetisme animal_, par Binet et Fere, p,
154; quand un sujet suggestionne pendant une hypnotisation conserve sa
suggestion a l'etat de veille, il la croit spontanee et cherche a se
l'expliquer.]
Je reproduis quelques interrogatoires d'eleves.
INTERROGATOIRE DE DIEM ...
_D_.--Es-tu content?
_R_.--Oui, monsieur.
_D_.--C'est exact, ce que tu viens de tracer?
_R_.--Non.
_D_.--Pourquoi?
_R_.--Je les ai prises trop grandes.
_D_.--Corrige-les. (Il les corrige et fait les lignes plus petites).
_D_.--Tu penses que les lignes ne vont que jusque-la?
_R_.--Oui.
_D_.--Comment t'en es-tu apercu?
_R_.--J'ai regarde.
_D_.--Tu t'en es apercu en faisant les lignes, ou apres les avoir
faites?
_R_.--Je m'en suis apercu en les faisant; je me suis dit: Je
les ai faites trop grandes.
_D_.--Pourquoi as-tu continue a les faire trop grandes?
_R_.--Parce que j'avais peur que vous ne me les fassiez
recommencer.
INTERROGATOIRE DE JEAN GOUJE.
_D_.--Es-tu content de ce que tu as fait?
_R_.--Oui, monsieur.
_D_.--Tu crois que tu ne t'es pas trompe?
_R_.--Si, monsieur, je me suis trompe.
_D_.--E
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