epreuves precedentes; ils avaient a attribuer une valeur precise a
chaque poids, dire s'il pesait 50 ou 60 grammes; or, cette evaluation est
certainement plus difficile qu'un jugement qui consiste simplement a dire
qu'un poids est plus lourd qu'un autre; l'evaluation suppose non seulement
un jugement de comparaison, mais une appreciation du degre de difference,
et en outre le choix d'un chiffre precis, qui exprime cette appreciation.
On comprend tres bien que ce petit travail exige quelque contention
d'esprit, surtout quand on le demande a des enfants de 8 a 10 ans; or,
voici mon interpretation: preoccupes par cette evaluation en grammes, les
enfants ont perdu un peu de la liberte d'esprit qu'ils avaient precedemment
pour comparer les poids; ils ont fait cette comparaison dans un etat de
distraction mentale, ou tout au moins avec une attention moins forte et
moins exclusivement portee sur la sensation des poids; et il en est resulte
que les enfants sont devenus plus dociles a la suggestion d'accroissement
des poids; du moment que le controle, qui s'appuyait sur la perception
exacte des poids, s'est affaibli, il est naturel que la suggestion,
delivree de ce controle, ait acquis plus de force[46].
[Note 46: Le sujet de cette etude cotoie continuellement celui de
L'attention volontaire et de la distraction. Parmi ces points de contact,
celui que nous rencontrons ici est des plus interessants, voici pourquoi:
on a recherche depuis quelques annees, dans les laboratoires americains
de psychologie, les meilleures methodes pour la production des etats de
distraction; les experimentateurs ont le plus souvent cherche les causes de
distraction dans des excitations qui sont etrangeres au genre de travail
dont on cherche a distraire le sujet: par exemple, on lui fait compter des
rythmes, ou on lui fait apprecier des parfums, pendant qu'il s'absorbe dans
une lecture ou dans un calcul. Ces methodes de distraction n'ont point
encore donne de resultats satisfaisants. Or, je signale ici la possibilite
d'une methode differente de distraction, que l'on realiserait--non pas
en troublant un certain travail par des excitations etrangeres a ce
travail,--mais bien en compliquant ce travail lui-meme, en le rendant plus
difficile a suivre.]
Nous verrons tout a l'heure, en etudiant quelques cas particuliers, que
notre interpretation est extremement vraisemblable.
Si on examine la moyenne des appreciations pour chaque poids, dans cette
troisiem
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