de ne pas pouvoir publier leurs feuilles, elles sont trop
grandes. Rappelons qu'And., le plus suggestible de tous, a fait des lignes
dont la derniere n'a pas moins de 30 centimetres! C'est un des cas qui
montrent le mieux l'utilite des methodes nouvelles que nous presentons. Il
est evident que quelques-uns de ces eleves doivent s'apercevoir de l'erreur
enorme qu'ils commettent, mais ils n'osent pas se corriger.
Chez Mous, Martin, Van, ce developpement automatique n'est pas indefini,
il se prolonge environ jusqu'au 20e point: puis le sujet se reprend, se
corrige plus ou moins, modifie sa ponctuation; chez d'autres, l'automatisme
est plus durable, plus regulier; nous n'affirmerons pas, bien entendu, que
ceux que nous considerons comme des automates parfaits n'ont jamais eu un
doute ni un soupcon; mais ce doute et ce soupcon, s'ils se sont produits,
n'ont pas reussi a modifier la conduite de l'enfant.
INTERROGATOIRE DES SUJETS
Quand l'experience est terminee, j'interroge d'habitude l'enfant, pour
connaitre les impressions qu'il a eprouvees. Je lui adresse la parole le
plus amicalement possible, pour ne pas le troubler; et tout en lui parlant,
j'ecris rapidement au crayon les reponses qu'il me fait; ces reponses,
je les reproduis textuellement, sans les abreger; j'abrege seulement mes
questions, qui, comme c'est l'habitude pour le langage parle, renferment
beaucoup de redites. Cet interrogatoire a pour but de savoir jusqu'a quel
point le sujet a ete dupe de l'illusion, a ete trompe par la suggestion de
l'accroissement des lignes. Cet interrogatoire est extremement delicat a
conduire. Si on parle avec un peu d'autorite, non seulement on fait dire
aux enfants tout ce que l'on veut qu'ils disent, mais encore on reduit le
plus grand nombre d'entre eux au silence. Beaucoup montrent pendant le
tete-a-tete une tres grande timidite, et il faut employer une patience
et une douceur infinies pour delier leur langue et obtenir des aveux.
L'interrogatoire prend facilement le caractere d'une confession. On s'en
etonne soi-meme a la reflexion, et on se demande pourquoi l'entretien
suscite cette timidite et meme cette fausse honte chez ces gamins de Paris.
Je pense que la raison en est que l'enfant se sent vaguement pris en faute,
et reconnait que pendant l'experience des lignes il a manque d'attention.
Notre interrogatoire ne s'adresse pas indistinctement a tous nos sujets.
Ceux qui ont a peu pres echappe a la suggestion ont et
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