tuelle, un combat d'ame, mais ce combat
etait celui-la meme qui se livrait dans l'ame de toute une race.
Retracer son histoire qui est la prefiguration de la notre, c'est
prendre un exemplaire sublime parmi les innombrables vies qui se sont
sacrifiees pour la France et pour Dieu.
Il fut notre modele: il continuera de nous enseigner et de nous
secourir. Ce jeune homme ivre de sacrifice, la France chretienne peut
l'invoquer dans ses prieres: il n'a vecu que pour elle, il lui avait
voue son esprit et son coeur; il lui a donne sa chair juvenile. Ce heros
grave et tendre, qui vit dans la Lumiere qu'il avait douloureusement
desiree, ne cessera point de nous etre fraternel.
On se souvient quelle stupeur ce fut parmi nos aines, quand on vit le
petit-fils de Renan, le fils de Jean Psichari[1], abandonner ses cours
de Sorbonne pour elire la carriere des armes, mener une action francaise
dans la brousse africaine, exalter par ses livres et par ses gestes les
vertus de la guerre. Des l'abord, certains lettres ne trouverent dans
cet enthousiasme qu'une maniere de dilettantisme, le degout d'une
intelligence gorgee de paradoxes audacieux et qui jouissait de l'extreme
barbarie comme d'autres de l'extreme civilisation. Sous la prose fluide,
chantante et harmonieuse de _Terres de Soleil et de Sommeil_ (1908)
ou ce "revenant nouveau venu" celebrait la vie fruste et primitive du
desert, ils ne voulurent entendre qu'un echo de l'enchanteur: ils s'y
plurent comme a un "mysterieux recommencement".
Elle etait pourtant bien opposante, la volonte de ce jeune soldat, et
l'_Appel des Armes_ (1912) le signifia avec violence. Ce qu'il voulait
de toute son energie tendue, c'etait _prendre contre son pere le parti
de ses peres_,--formule saisissante ou se resume l'accablante obligation
de notre jeunesse. Et deja il pensait: "Une, deux generations peuvent
oublier la Loi, se rendre coupables de tous les abandons, de toutes les
ingratitudes. Mais il faut bien, a l'heure marquee, que la chaine soit
reprise et que la petite lampe vacillante brille de nouveau dans la
maison[2]."
Cette heure lui semblait etre venue. Comme tous ceux de son age,
Psichari en avait la certitude: "Notre generation, nous ecrivait-il,
notre generation--celle de ceux qui ont commence leur vie d'homme
avec le siecle--est importante. C'est en elle que sont venus tous les
espoirs, et nous le savons. C'est d'elle que depend le salut de la
France, donc celui du monde et de la civ
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