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disait a M. Paul Bourget: "C'est un tremblement que d'ecrire en presence
de la Tres Sainte Trinite."]
[Note 25: Ses lettres de ce temps-la sont pleines de pareils
scrupules: "Dites-moi, ecrit-il au P. Clerissac, dites-moi ce qu'il faut
que je fasse pour remercier le Bon Dieu; dites-moi comment je peux lui
rendre une partie de ce qu'il me donne, car je recois beaucoup et ne
rends rien, de sorte que je ne suis pas loin d'etre accable par le poids
de sa misericorde."]
[Note 26: Le R.P. Janvier.]
[Note 27: S'il fallait juger non plus l'oeuvre, mais la personne de
Renan, Ernest Psichari n'admettait point qu'on parlat devant lui de
son grand-pere sans le respect convenable. Et il pensait aussi que sa
culpabilite a ete sans doute attenuee, dans une mesure que seul Dieu
peut connaitre, par le fait que, pendant sa jeunesse, aucune forte
nourriture clericale, aucune formation philosophique et theologique
vraiment serieuse ne lui fut donnee.
La theologie dogmatique et la philosophie rationnelle etaient, au
debut du XIXe siecle, completement abandonnees par l'enseignement des
seminaires. Songeons que Renan n'eut d'autre theodicee que la pauvre
"philosophie de Lyon", oeuvre janseniste du XVIIIe siecle; puis on lui
fit lire sans discernement Thomas Reid, les Ecossais, qu'on melangeait
avec le cartesianisme mitige du cours. Il n'etudia jamais saint Thomas,
dont la scolastique lui apparait barbare et "enfantine", au regard de la
"scolastique cartesienne" qu'enseignaient ses professeurs. Bref, nulle
direction philosophique.
Ainsi ses maitres cartesiens, loin de lui montrer combien la raison est
necessaire a la foi, s'efforcerent, au contraire, de le convaincre de ce
qu'a "_d'antichretien la confiance en la raison_". Le jeune clerc etait
passionne de recherche intellectuelle, et ils lui repondaient: "Tout ce
qu'il y a d'essentiel est trouve", l'empechant de mettre dans sa foi les
legitimes besoins de son intelligence. Cette dangereuse opposition entre
la science et la religion, ou devait se desesperer tout le siecle, c'est
chez eux que Renan, des l'abord, la rencontre. "Ce n'est pas la science
qui sauve les ames." Propos juste sans doute, mais mal entendu et qu'il
allait retourner contre ceux-la memes qui le formulaient.
Privee de l'intelligence qui discerne l'essence et qui maintient
l'integrite, la foi de Renan abandonnee a elle-meme et soumise aux
caprices instables du sens individuel, etait exposee a toutes les
aventu
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