pourrait-elle vous faire croire les dogmes catholiques et procurer cette
illumination?"_
_Ernest doit prendre le nom de Paul a la confirmation, en reparation des
outrages de Renan a saint Paul_.
Mardi 7 fevrier.--_Le Pere a vu Ernest a Paris. Ernest le ravit par sa
droiture et l'ouverture entiere de son ame a la foi. Il ne cesse et nous
ne cessons de dire avec lui: "Que Dieu est bon et que tout cela est
beau!"_
Le samedi 8 fevrier, Ernest Psichari fut confirme par Mgr Gibier, dans
la chapelle du petit seminaire de Grandchamp. D'une voix tremblante
d'ardeur contenue, il recita le _Credo_, dont il scanda une a une les
syllabes latines. Apres la confirmation, l'eveque de Versailles lui
demanda son age. "Vingt-neuf ans! Beaucoup de temps perdu", repondit
notre ami. Et s'inclinant filialement sous la benediction du prelat, il
lui dit pour exprimer le drame qui venait de se jouer entre Dieu et lui:
"Monseigneur, il me semble que j'ai une autre ame[21]". Le lendemain,
Ernest Psichari fit sa premiere communion a la Chapelle des Soeurs de
la Sainte Enfance: puis il partit pour Chartres en pelerinage. A son
retour, il confiait au P. Clerissac: "Je sens que je donnerai a Dieu
tout ce qu'il me demandera."
Tous ceux qui furent alors les temoins de ces evenements admirables,
tous ont ete frappes de la joie qui soudain l'habita. Desormais, E.
Psichari vecut en joie: joie libre, fruit de l'amour, de l'amour
qui connait et epouse son objet, et qui trahit tout ce qu'il y a de
veritable charite dans une ame. Tout de suite, il posseda cette gaiete
du coeur qu'apporte le salut. Dans les yeux, notre frere avait quelque
chose de lumineux, de confiant, de tendre, qui decelait l'etat de grande
liberte interieure et, comme on l'a note deja, d'"innocence enfantine"
ou il vivait et qui faisait pressentir les grands desseins a quoi Dieu
le predestinait.
Une chose aussi nous causait de l'etonnement: il semblait qu'Ernest
Psichari fut entre dans la vie chretienne de plain-pied, sans
preparation, sans apprentissage, sans transition, comme s'il eut ete
catholique depuis toujours. Cette ame, hier encore ignorante des
communications de la sagesse divine, semblait en etre soudain remplie et
sans intermediaires. Il savait tout sans avoir rien appris: il inventait
ses prieres et elles se trouvaient etre celles-la meme que l'Eglise
avait repandues sur les ages. Et dans l'ivresse des retrouvailles, il
s'ecriait: "Mais quoi, Seigneur, est-ce donc si
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