a son enfant et
le sacrifice pour lequel, dans sa pitie pour la France, il reserverait
ce soldat, fils de Dominique. Bientot tous les voeux d'Ernest Psichari
allaient etre exauces: Dieu lui donnerait sujet de pretendre, de
realiser la double vocation qui partageait son coeur, de s'immoler a la
terre de ses peres, de reparer en sauvant. Car le don qu'Ernest Psichari
allait offrir pour le service de la Patrie est en meme temps un
temoignage rendu a Dieu, un holocauste veritable, "librement consenti
et consomme en union avec le sacrifice de l'autel[37]". Ernest Psichari
partit le second jour de la guerre avec le 2e regiment d'artillerie
coloniale. En quittant Cherbourg, il dit a l'abbe Bailleul: "Je vais a
cette guerre comme a une croisade, parce que je sens qu'il s'agit de
defendre les deux grandes causes a quoi j'ai voue ma vie."
Le 20 aout, il ecrit a sa mere[38]: "Nous allons certainement a de
grandes victoires et je me repens moins que jamais d'avoir toujours
desire la guerre, qui etait necessaire a l'honneur et a la grandeur de
la France. Elle est venue a l'heure et de la maniere qu'il fallait.
Puisse la Providence ne pas nous abandonner dans cette grande et
magnifique aventure[39]!"
Le soir du 22 aout, a Saint-Vincent-Rossignol[40], apres etre reste
douze heures sous un feu epouvantable, Ernest Psichari fut tue net
d'une balle a la tempe. Un temoin de sa mort ecrit: "Vers six heures,
j'apercus le lieutenant Psichari sous un arbre, pres de ses pieces,
soutenant le capitaine Cherrier, blesse. Il se dirigea avec lui vers
l'ambulance et le laissa a la porte, _pour retourner a sa piece_. A
ce moment les Allemands arrivaient a 30 metres. Le feu cessait et le
lieutenant etait assez isole. Je le vis regarder le demi-cercle que les
Allemands formaient autour de lui, se pencher soit sur son canon, soit
sur un blesse et tomber mortellement frappe. Il tomba sur le canon et
glissa a terre." Ceux qui l'ont vu plus tard ont ete frappes du calme
de son visage: autour de ses mains etait enroule son chapelet[41] qu'il
avait pu saisir.
A trente ans, ayant tout accompli, Dieu l'appelait a la vie et a la
gloire. Ernest Psichari y est entre, suivi d'une heroique milice de
jeunes martyrs qui lui ont fait au Ciel la plus belle cohorte qu'il ait
jamais conduite.
NOTES ET DOCUMENTS
[Note 1: Grec par son pere et tout ensemble "francais, latin,
breton", par sa mere en qui sont unis le sang catholique des Renan et le
sang pro
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