ession
d'atheisme. Ils ne se rendaient pas compte de combien ils faisaient
reculer notre cause et combien, en abaissant leur religion, ils
abaissaient leur race meme. Car, pour le Maure, France et Chretiente ne
font qu'un. Ne nous appellent-ils pas "Nazareens" plus volontiers que
"Francais"? Et c'est une chose etrange que ce soit eux qui viennent sur
ce point nous eclairer nous-memes et nous donner une lecon."_
C'est qu'a ce vrai soldat, rien ne parait beau que la fidelite. Et une
pensee de tres loin vient a lui: "Pourquoi donc, s'il est un soldat de
fidelite, pourquoi tant d'abandons qu'il a consentis, tant de reniements
dont il est coupable? Pourquoi, s'il deteste le progres infidele,
rejette-t-il Rome qui est la pierre de toute fidelite? Et s'il regarde
l'epee immuable avec amour, pourquoi donc detourne-t-il les yeux de
l'immuable Croix? Si absurde est cette infidelite, s'avouait-il a
lui-meme, que "je n'ose meme la confesser devant les Maures et je
leur dis: "Nous croyons!..." Ah! oui, ma lachete devant eux me fait
comprendre combien, malgre moi et a mon insu, Jesus me lie!"
Ainsi ce missionnaire n'entendait point n'apporter avec ses armes que
les bienfaits d'une race materiellement puissante. La France n'avait
point que des routes a frayer, des camps a batir, des villes a
construire dans ces terres mauritaniennes ou elle essayait de
s'installer par la force. Elle portait avec elle une ame, un principe
spirituel et cela meme qui fait son eternite. Pour lui, il n'en doutait
point. Aussi bien "il avait la certitude de n'etre pas le veritable
heritier de cette dignite francaise qu'il savait desormais etre surtout
une dignite chretienne". Il se rendait maintenant compte qu'"il ne
pouvait en aucune facon parler pour la France dont il portait le nom
jusqu'aux extremites de la terre". "Heureux, s'ecrie-t-il, ceux qui
n'ont pas la charge d'etre les envoyes de toute une nation! Heureux ceux
qui ne portent pas le poids d'une patrie sur leurs epaules! Lui, il ne
connaitra pas de repos qu'il n'ait retrouve le visage de la terre natale
et la signification de son nom beni."
Ainsi peut-on dire que la France deposa dans cette ame le premier desir
de Dieu. La premiere priere qui monta sur la bouche de son serviteur,
c'est elle qui l'a suscitee. Ce n'est que plus tard que le probleme du
salut individuel se posa pour cet homme d'action. La premiere fois que
Psichari pense a Dieu, c'est en pensant a l'armee. Pour l'instant il
se
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