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r de croire lui-meme que Jean, que son frere etait le fils de cet homme! Non, il ne le croyait pas, il ne pouvait meme se poser cette question criminelle! Cependant il fallait que ce soupcon si leger, si invraisemblable, fut rejete de lui, completement, pour toujours. Il lui fallait la lumiere, la certitude, il fallait dans son coeur la securite complete, car il n'aimait que sa mere au monde. Et tout seul en errant par la nuit, il allait faire, dans ses souvenirs, dans sa raison, l'enquete minutieuse d'ou resulterait l'eclatante verite. Apres cela ce serait fini, il n'y penserait plus, plus jamais. Il irait dormir. Il songeait: "Voyons, examinons d'abord les faits; puis je me rappellerai tout ce que je sais de lui, de sou allure avec mon frere et avec moi, je chercherai toutes les causes qui ont pu motiver cette preference... Il a vu naitre Jean?--oui, mais il me connaissait auparavant.--S'il avait aime ma mere d'un amour muet et reserve, c'est moi qu'il aurait prefere puisque c'est grace a moi, grace a ma fievre scarlatine, qu'il est devenu l'ami intime de mes parents. Donc, logiquement, il devait me choisir, avoir pour moi une tendresse plus vive, a moins qu'il n'eut eprouve pour mon frere, en le voyant grandir, une attraction, une predilection instinctives." Alors il chercha dans sa memoire, avec une tension desesperee de toute sa pensee, de toute sa puissance intellectuelle, a reconstituer, a revoir, a reconnaitre, a penetrer l'homme, cet homme qui avait passe devant lui, indifferent a son coeur, pendant toutes ses annees de Paris. Mais il sentit que la marche, le leger mouvement de ses pas, troublait un peu ses idees, derangeait leur fixite, affaiblissait leur portee, voilait sa memoire. Pour jeter sur le passe et les evenements inconnus ce regard aigu, a qui rien ne devait echapper, il fallait qu'il fut immobile, dans un lieu vaste et vide. Et il se decida a aller s'asseoir sur la jetee, comme l'autre nuit. En approchant du port il entendit vers la pleine mer une plainte lamentable et sinistre, pareille au meuglement d'un taureau, mais plus longue et plus puissante. C'etait le cri d'une sirene, le cri des navires perdus dans la brume. Un frisson remua sa chair, crispa son coeur, tant il avait retenti dans son ame et dans ses nerfs, ce cri de detresse, qu'il croyait avoir jete lui-meme. Une autre voix semblable gemit a son tour, un peu plus loin; puis, tout pres, la sirene du port, leur repondant,
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