s de bambou, a magots, a potiches, a soieries pailletees d'or, a
stores transparents ou des perles de verre semblaient des gouttes d'eau,
a eventails cloues aux murs pour maintenir les etoffes, avec ses ecrans,
ses sabres, ses masques, ses grues faites en plumes veritables, tous ses
menus bibelots de porcelaine, de bois, de papier, d'ivoire, de nacre et
de bronze, avait l'aspect pretentieux et maniere que donnent les mains
inhabiles et les yeux ignorants aux choses qui exigent le plus de tact,
de gout et d'education artiste. Ce fut celle cependant qu'on admira le
plus. Pierre seul fit des reserves avec une ironie un peu amere dont son
frere se sentit blesse.
Sur la table, les fruits se dressaient en pyramides, et les gateaux
s'elevaient en monuments.
On n'avait guere faim; on suca les fruits et on grignota les patisseries
plutot qu'on ne les mangea. Puis, au bout d'une heure, Mme Rosemilly
demanda la permission de se retirer.
Il fut decide que le pere Roland l'accompagnerait a sa porte et
partirait immediatement avec elle, tandis que Mme Roland, en l'absence
de la bonne, jetterait son coup d'oeil de mere sur le logis afin que son
fils ne manquat de rien.
--Faut-il revenir te chercher? demanda Roland.
Elle hesita, puis repondit:
--Non, mon gros, couche-toi. Pierre me ramenera.
Des qu'ils furent partis, elle souffla les bougies, serra les gateaux,
le sucre et les liqueurs dans un meuble dont la clef fut remise a Jean;
puis elle passa dans la chambre a coucher, entr'ouvrit le lit, regarda
si la carafe etait remplie d'eau fraiche et la fenetre bien fermee.
Pierre et Jean etaient demeures dans le petit salon, celui-ci encore
froisse de la critique faite sur son gout, et celui-la de plus en plus
agace de voir son frere dans ce logis.
Ils fumaient assis tous les deux, sans se parler. Pierre tout a coup se
leva:
--Cristi! dit-il, la veuve avait l'air bien vanne ce soir, les
excursions ne lui reussissent pas.
Jean se sentit souleve soudain par une de ces promptes et furieuses
coleres de debonnaires blesses au coeur.
Le souffle lui manquait tant son emotion etait vive, et il balbutia:
--Je te defends desormais de dire "la veuve" quand tu parleras de Mme
Rosemilly.
Pierre se tourna vers lui, hautain:
--Je crois que tu me donnes des ordres. Deviens-tu fou, par hasard?
Jean aussitot s'etait dresse:
--Je ne deviens pas fou, mais j'en ai assez de tes manieres envers moi.
Pierre ricana:
--Env
|