le, ce n'etait meme pas du
travail qu'ils lui demandaient. Le jour ou ils l'avaient fait entrer
dans leur maison, ils ne lui avaient pas dit: "Tu travailleras depuis
sept heures et demie du matin jusqu'a neuf heures du soir, et tu
emploieras ton temps sans perdre une minute." Loin de la. Car ce jour
meme ils lui avaient offert un appartement de garcon luxueusement
amenage, avec deux chevaux dans l'ecurie, un pour la selle, l'autre pour
l'attelage, voiture sous la remise, cocher, valet de chambre; et un
pareil cadeau, qui lui permettait de mener desormais l'existence d'un
riche fils de famille, n'etait pas compatible avec de rigoureuses
exigences de travail. Aussi ces exigences n'existaient-elles ni dans
l'esprit du pere ni dans celui de la mere. Qu'il s'amusat. Qu'il prit
dans le monde parisien la place qui selon eux appartenait a l'heritier
de leur maison, cela etait parfait; ils en seraient heureux; mais par
contre cela n'empechait pas (au moins ils le croyaient) qu'il
s'interessat aux affaires de cette maison, qui en realite serait un
jour, qui etait deja la sienne.
C'etait la seulement ce qu'ils attendaient, ce qu'ils esperaient, ce
qu'ils exigeaient de lui.
Cependant si peu que cela fut, ils ne l'obtinrent pas.
A quoi pouvait tenir son indifference, d'ou venait-elle?
Ce furent les questions qu'ils agiterent avec leurs amis et
particulierement avec le plus intime, un commercant nomme Byasson, mais
sans leur trouver une reponse satisfaisante, chacun ayant un avis
different.
Ils s'arreterent donc a cette idee, que les choses changeraient si,
comme l'avait soutenu leur ami Byasson, on donnait a Leon un role plus
important dans la direction de la maison, plus d'initiative, plus de
responsabilite, et pour en arriver a cela, ils deciderent de s'eloigner
de Paris pendant quelque temps.
Depuis plusieurs annees, les medecins conseillaient a M. Haupois d'aller
faire une saison aux eaux de Balaruc, dans l'Herault. Il avait toujours
resiste aux medecins. Il ceda. La femme accompagna le mari.
Leon, reste seul maitre de la maison, serait bien force de prendre
l'habitude de diriger tout et de commander a tous; meme aux vieux
employes, qui jusqu'a ce jour l'avaient traite un peu en petit garcon.
Cependant il ne dirigea rien et ne commanda a personne, ni aux jeunes ni
aux vieux employes.
II
Le depart de son pere et de sa mere lui avait impose une obligation
qu'il avait du accepter, si desagreable qu'el
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