our servir de modele aux
peintures qui decoraient un lieu destine a recevoir des monuments
funeraires.
La tristesse et la melancolie de cette soiree rappelaient cruellement
a la jeune fille la joie bruyante que le Baron avait fait regner le
jour de l'anniversaire de sa naissance a elle; le feu d'artifice,
surtout, petillait encore a ses oreilles, et brillait a ses yeux;
illusion pleine de charmes et de desespoir, car elle etait seule! Son
bras ne se reposait plus sur celui de son ami; il ne lui restait pas
meme le vague espoir de retrouver tot ou tard en lui une consolation,
un appui.
* * * * *
EXTRAIT DU JOURNAL D'OTTILIE.
"Il faut que je signale ici une observation de notre jeune Architecte,
car elle m'a paru tres-juste: Lorsque nous examinons de pres la
destinee de l'artiste, et meme celle de l'artisan, nous reconnaissons
qu'il n'est pas permis a l'homme de s'approprier un objet quelconque,
pas meme celui qui semble lui appartenir de droit, puisqu'il emane de
lui. Ses oeuvres l'abandonnent comme l'oiseau abandonne le nid ou il
est eclos.
"Sous ce rapport la destinee de l'Architecte est la plus cruelle
de toutes. Il consacre une partie de son existence et toutes les
ressources de son genie a construire et a decorer un edifice; mais des
qu'il est acheve, il en est banni. C'est a lui que les rois doivent
la magnificence et la pompe imposante des salles de leurs palais; et,
cependant, ils ne lui permettent pas de jouir de l'effet merveilleux
de son oeuvre. Dans les temples, une limite infranchissable l'exile
du sanctuaire dont la beaute imposante est son ouvrage, et il lui est
defendu de monter les marches qu'il a posees, de meme que l'orfevre ne
peut adorer que de loin l'ostensoir qu'il a fabrique de ses mains.
En remettant aux riches la clef d'un palais termine, il leur donne a
jamais la jouissance exclusive de tout ce qu'il a pu inventer pour
rendre la vie de tous les jours commode, agreable et brillante.
L'art ne doit-il pas s'eloigner de l'artiste, puisque ses oeuvre
ne reagissent plus sur lui, et se detachent de lui comme la fille
richement dotee se detache du pere a qui elle doit cette dot? Ces
reflexions nous expliquent pourquoi l'art avait plus de puissance,
lorsqu'il etait presque entierement consacre au public, c'est-a-dire,
aux choses qui continuent a appartenir a l'artiste, parce qu'elles
appartiennent a tout le monde.
"Les anciens peuples du Nord se sont forme,
|