and on veut
nous contraindre a nous en corriger."
"Il est des defauts necessaires au bien-etre des existences
individuelles, et nous serions nous-memes peu satisfaits, si nos
anciens amis se debarrassaient tout a coup des bizarreries qui les
caracterisent."
"Lorsqu'un individu se conduit d'une maniere entierement opposee a ses
habitudes, on dit: Il mourra bientot."
"Quels sont les travers d'esprit que nous devons plutot chercher a
cultiver qu'a deraciner en nous? Ceux qui flattent les personnes au
milieu desquelles nous vivons, au lieu de les offenser."
"Les passions sont des defauts et des vertus exageres."
"Chaque passion est un phenix qui, au moment meme ou on le croit
consume, renait de sa cendre."
"Les passions sont des maladies sans espoir de guerison, car les
moyens qui devraient les guerir, ne servent presque jamais qu'a les
augmenter."
"Lorsque nous faisons l'aveu d'une passion qui nous domine, nous en
augmentons la force; mais parfois aussi cet aveu l'affaiblit."
"Un juste equilibre n'est nulle part plus necessaire et plus
difficile, que dans notre conduite envers un objet aime; car nous y
mettons presque toujours ou trop de confiance ou trop de reserve."
Note:
[2] Ce mot est en francais dans le texte. C'est une allusion aux
jeunes elegants de la France du temps de la Republique, que l'on
designait sous le nom d'_incroyables_.
CHAPITRE V.
Entrainee par le tourbillon des plaisirs les plus bruyants et les plus
bizarres, Luciane continua a fouetter devant elle l'ivresse de la vie
au milieu du tourbillon des plaisirs sociaux. Son cortege grossissait
de jour en jour; car elle savait s'attacher, par sa bienveillance et
par sa generosite, tous ceux qu'elle n'avait pu reussir a attirer par
son extravagance et ses folies.
Sa grande-tante et son futur rivalisaient entre eux pour prevenir
ses desirs, aussi ne connaissait-elle pas meme la valeur des choses
qu'elle prodiguait. Lorsqu'une dame de sa societe lui paraissait moins
richement habillee que les autres, elle l'affublait a l'instant d'un
chale magnifique ou de toute autre parure qui lui manquait; et elle
imposait ces dons avec tant d'adresse et de bonte, qu'il etait aussi
impossible de les refuser que de s'en offenser.
Quand elle se transportait d'un lieu a un autre, un des jeunes
gentilshommes qui l'accompagnaient toujours, etait specialement charge
d'aller a la decouverte des vieillards et des malades indigents, et de
le
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