brillants avantages que la nature lui avait prodigues. Peut-etre aussi
cherchait-il un moyen de retarder son depart; car plus l'epoque de ce
depart approchait, plus il lui paraissait impossible de se separer
de cette jeune fille, dont le regard doux et calme etait devenu
necessaire a son existence.
L'approche des fetes de Noel lui rappela que l'imitation des
tableaux par des figures en relief, tirait son origine des pieuses
representations dites _presepes_, dans lesquelles on montrait l'enfant
Jesus et sa Mere, recevant, malgre la bassesse apparente de sa
condition, d'abord les hommages des bergers, et bientot apres ceux de
trois grands rois.
Un semblable tableau s'etait si fortement grave dans son imagination,
qu'il ne douta point de la possibilite de le realiser. L'enfant fut
bientot trouve ainsi que les bergers et les bergeres; mais, selon lui,
Ottilie seule pourrait donner une juste idee de la Mere de Dieu, car
depuis longtemps deja la pensee du jeune artiste l'avait elevee a
cette hauteur. Lorsqu'il la pria de se charger de ce personnage, elle
lui dit d'en demander la permission a sa tante qui l'accorda sans
difficulte, et combattit meme avec autant de bonte que de raison
les scrupules de sa niece; car la modeste jeune fille craignait de
commettre une profanation, en imitant la celeste figure que l'on
voulait lui faire representer.
Sur enfin du succes, l'Architecte travailla sans relache afin que,
la veille de Noel, tout fut pret pour la representation dont il se
promettait tant de bonheur. Depuis longtemps deja, la seule presence
d'Ottilie semblait suffire a la satisfaction de tous ses besoins, et
l'on eut dit que, tandis qu'il ne s'occupait que d'elle et pour elle,
le sommeil et la nourriture lui etaient devenus inutiles.
Enfin, grace a son infatigable activite, tout avait marche au gre
de ses desirs; il etait meme parvenu a reunir un certain nombre
d'instruments a vent dont les sons, savamment combines, devaient
disposer les coeurs aux emotions qu'il voulait leur faire eprouver.
Au jour et a l'heure indiques le rideau se leva devant les
spectateurs, qui se composaient de Charlotte et de quelques commensaux
du chateau. Le tableau par lui-meme etait si connu, qu'on ne devait
pas s'attendre a en recevoir une impression nouvelle, et cependant il
causa, non-seulement de la surprise, mais encore de l'admiration; cet
effet n'etait pas produit par le tableau, mais par la perfection des
realites qui l'imitai
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