nous restions ensemble.
Et elle se jeta de nouveau dans ses bras.
Le villageois a qui ils avaient appris l'accident arrive au yacht,
s'etait rendu a leur insu sur le bord du fleuve ou il esperait
l'apercevoir, car il presumait qu'on s'etait empresse de le remettre a
flot. Cet espoir ne tarda pas a se realiser, et il fit tant de signes
qu'il attira l'attention des parents des jeunes gens qui etaient tous
reunis sur le pont et cherchaient des yeux un indice qui put leur
faire decouvrir les traces de leurs malheureux enfants.
Le yacht se dirigea en hate vers le rivage, ou le jeune paysan
continuait a faire des signaux. On debarqua avec precipitation, on
apprit que les jeunes cens etaient sauves, et au meme instant tous
deux sortirent des buissons. Leur costume rustique les rendait presque
meconnaissables.
Est-ce bien eux? s'ecrierent les meres.
--Est-ce bien eux? repeterent les peres.
--Oui, ce sont vos enfants, repondirent-ils tous deux, en se jetant a
genoux.
--Pardonnez-nous, dit la jeune fille.
--Benissez notre union, ajouta le jeune homme.
--Benissez notre union, repeterent-ils tous deux.
Pas une voix ne repondit. Les jeunes gens demanderent une troisieme
fois la benediction de leurs parents: comment auraient-ils pu la leur
refuser?
CHAPITRE XI.
Le narrateur se tut, et remarqua avec surprise que Charlotte etait en
proie a une vive emotion. Craignant de s'y abandonner d'une maniere
trop visible, elle quitta brusquement le salon.
Le jeune officier, le heros de l'histoire que l'Anglais venait de
raconter, n'etait autre que le Capitaine. Les traits principaux
etaient rigoureusement vrais, les details seuls avaient subi quelques
modifications, ainsi que cela arrive toujours quand un fait qui a deja
passe par plusieurs bouches, est rapporte par un conteur gracieux et
spirituel.
Ottilie suivit sa tante, et le Lord put a son tour faire remarquer a
son compagnon de voyage que sans doute il avait commis une faute, et
reveille par son recit quelques souvenirs douloureux dansee coeur de
Charlotte.
--Il parait, continua-t-il, que malgre notre bonne volonte, nous ne
pouvons rendre a ces dames que le mal pour le bien; ce qui nous reste
de mieux a faire est donc de partir le plus tot possible.
--J'en conviens. Je dois cependant vous avouer, Milord, que je me sens
retenu ici par un fait singulier que je voudrais pouvoir eclaircir.
Hier, pendant notre promenade, vous etiez beaucoup trop abs
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